C’est beau une ville, le jour et la nuit, quand scintillent les sourires de gens heureux, rassasiés de bonne fatigue, réjouis de s’être dépensés et de dépenser, encore, pour ravir ceux qui sont enchantés de les accueillir. Dans de rares et éphémères moments de partage, la désuète camaraderie de notre enfance reprend ses droits, son sens, sentiment rétro ressuscité par la passion commune et retrouvée autour d’une reine, la « petite », en apparat pour un tango angevin conduit par de pimpants cavaliers. Qu’ils se soient envolés chercher des oies du côté de Fouilly-les-Oies, comme le gazouillait Bourvil, ou partis de bon matin, partis sur les chemins, à bicyclette, avec Fernand, Sébastien et puis Paulette, tous se sont parés d’une mine enchanteresse sur leurs vélos « vintage » réunificateurs. La magie opère. Dans l’instant, un sourire par-ci, un mot par-là, quelques tours de roues partagés dans le cortège étiré par la nonchalance des uns, la gaucherie d’inexpérimentés ou d’ambitieux à court de forme sur des montures récalcitrantes, trop vite extraites de leurs couches poussiéreuses. Qu’importe, on a le temps, un but commun et on se sent légers, portés par l’insouciance d’une aventure banale, presque universelle. Tous parlent le même langage dépouillé de réserves et d’artifices, enrichi de tutoiements de bon aloi facilités par le statut de circonstance.
Le chemin du coeur
On est tout simplement heureux d’être présents, de participer, de contribuer à la réussite de ce rendez-vous rassembleur dont le peloton chamarré bruisse aux accents d’ailleurs, des routes convergentes vers la célébration du vélocipède, grand bi, tandem, triporteur, cargo, rosalie ou autre tchouk-tchouk (hors concours). Et on se prend à rêver aux jours d’après, notre ville ainsi constellée de bonne humeur, de courtoisie et de politesse, animée à pas lents et silencieux par des âmes apaisées, délestées du frein, de la mesure, pour simplement se parler. Pour autant demeurons à l’écoute, tendons l’oreille, ce chemin du coeur cher à Voltaire, tendons l’oreille pour entendre, aussi, ceux qui de loin perçoivent les flonflons d’une fête à laquelle ils ne peuvent se convier. L’argent fait parfois défaut, malgré l’envie, l’ambition raisonnable d’être près des autres, avec les autres. Anjou Vélo Vintage fédère, crée du lien social, l’harmonie et la fraternité, illustre l’utopie à laquelle nous aimerions accéder pour bien vivre ensemble. Tendons l’oreille, donnons la main pour que quelques générosités, privées ou institutionnelles, s’exercent, offrent un passeport d’entrée sur des sentiers sans frontières.
Georges Chabrier
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Commentaires 5
Un bien bel éditorial pour un bien belle manifestation tout en joyeuse convivialité .
Bel édito qui ne fait pas avancer les choses : tout le monde ne peut participer à l’événement par manque de moyens ou autres. Malgré vos bonnes intentions, les rues Alsace et Gambetta (très belles réalisations) ne sont qu’exceptionnelles et réservées à un quartier. Le Chemin Vert et Hauts Quartiers aimeraient eux aussi profiter de la mane municipale et ne pas rester les oubliés de la ville.
C’est avec de telles différences que l’on sème des mécontents et des déçus. Prenons garde que ça n’aille pas plus loin. Les mêmes avantages pour tous.
Pourrait-on une fois jamais, goûter aux mots qui rassurent et nous portent vers l’amour et l’amitié…? Merci Georges pour ces éditos.
La photo d’illustration est plutôt jolie mais ne représente en rien ce que sont et l’édito et le Vélo Vintage, l’un et l’autre étant conviviaux, plein de couleurs avec une harmonie collective qui fait tout le charme de cet évènement et en aucun cas un éloge de la solitude : mauvais choix.