Nous avions déjà évoqué une expression animalière à base de “patte” (réf. article “Montrer patte blanche) hérité de la tradition littéraire. Pour cet article, nous allons explorer un genre assez particulier : l’absurde. De prime abord, cette injonction n’a guère de sens, avouez qu’on a rarement croisé de palmipède à col vert possédant plus de deux pattes. C’est justement pour cette raison qu’elle est de bon aloi. Un peu comme lorsqu’on pense être “la cinquième roue du carrosse” pour signifier que l’on est en trop (puisqu’un carrosse n’a que quatre roues), casser la troisième patte d’un canard fait référence à une action impossible à mener. Mais ici, plus précisément, c’est la tournure qui nous intéresse. Dans le cadre de cette expression, on use d’ironie pour qualifier péjorativement l’accomplissement d’un tiers.
On peut l’employer de manière sincère pour amener à relativiser une performance qui n’a vraiment rien d’exceptionnelle, ou avec un peu de mauvaise foi pour ne pas s’avouer qu’en effet, c’est presque miraculeux. Dans les deux cas de figure, casser la troisième patte d’un canard serait donc la preuve qu’on a fait quelque chose d’absolument extraordinaire.
L’origine de l’expression est très floue, d’aucuns prétendent qu’elle viendrait d’un emploi archaïque du mot “canard” qui, fut un temps, désignait un cheval cagneux (c’est à dire dont les articulations des pattes sont tournées vers l’intérieur) que peu auraient osé monter.
Mais si jamais, dans la vraie vie, vous rencontrez un volatile à trois pattes, cela vaudra sans doute la peine de vous en vanter ! Ou alors de vous réveiller !
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