Comment peut-on s’imaginer en voyant ces viols rituels qu’une paix peut se négocier ? Dans une ascension morbide, Vladimir Poutine gravit en effet, sans sourciller, les marches vers l’acmé de son ambition guerrière. Le “tsar” du Kremlin ne semble pas vouloir s’arrêter et instruit, jour après jour, l’indicible dessein auquel il ne semble plus pouvoir échapper. Le teint blafard, le regard inexpressif, le séide du dogme stalinien détruit, anéantit, dispense la mort des uns, des autres, des siens, sans compter, sans retenue, dans une routine ouatée, médicamenteuse et apaisante pour ses nuits tranquilles. Mais de camomille, de verveine ou de valériane il ne trouvera plus sur ses terres annexées, noyées sous les 18 milliards de tonnes d’eau du Dniepr, libérées par la destruction du barrage de Kakhovka. Une catastrophe écologique sans précédent aux effets dévastateurs sur les vastes plaines céréalières du sud-ukrainien, les terres noires nourricières bordées par la mer éponyme. Qualifié d’écocide selon les termes précis définis et adoptés dans le droit européen en mars dernier, cet attentat criminel va provoquer des dégâts irréversibles sur les écosystèmes, la faune, la flore, sur tout ce qui pousse. Une mortalité potentielle des organismes aquatiques entraînant une détérioration importante de la qualité des eaux déjà affectées par la pollution d’hydrocarbures, de résidus en tous genres, d’explosifs, d’innombrables mines. Même si la Russie a précautionneusement détourné dans de gigantesques réserves l’eau essentielle à son usage, elle plonge la Crimée occupée dans une situation d’incertitude que l’issue de la guerre pourrait encore aggraver. Mais Poutine n’en a cure, comme des souffrances et des sacrifices, les étais nécessaires à l’édification de son destin funèbre et éphémère.
La terre brûlée
Avant la Crimée, la Tchétchénie et la Georgie avaient subi les foudres de l’autocrate du Kremlin qui, sans grandes réactions de l’Occident, avait poussé ses pions pour mettre en échec la démocratie naissante de l’Ukraine. Kiev devait tomber dans ses bras, en deux jours, nous savons désormais ce qu’il en est advenu. Ses armées, régulières ou milices incontrôlées, enchaînant les revers, Poutine sème la terreur, revendique la destruction totale, hausse la mire pour compenser les faiblesses avérées d’un Etat gangrené par la corruption, l’ivresse d’une histoire revisitée, la fascination d’un empire aujourd’hui déliquescent. L’Ukraine est debout derrière un Volodymyr Zelensky puissant et bien vivant, engagé dans une contre-offensive attendue et désormais redoutée par celui qui devait être son bourreau. Poutine n’a pas tué Zelensky, n’a pas vaincu les « terroristes » ukrainiens. Alors, il noie le pays sous des trombes d’obus, de missiles, inonde le grenier à blé de l’Europe, d’une partie très dépendante de la planète. Il ne peut survivre au déshonneur d’une débâcle militaire ce qui, en l’occurrence, laisse augurer du pire. Ses troupes contrôlaient le barrage de Kakhovka, il a sauté. Ses troupes maîtrisent encore la centrale nucléaire de Zaporijia. Ne va-t-elle pas subir une malencontreuse avarie ? Tout reste envisageable à moins qu’un coup d’éclat, un coup d’Etat ne vienne brutalement terrasser le « grand-père abruti» de Prigojine. La succession semble ouverte.
Georges Chabrier
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Commentaires 2
J’attends le prochain édito du kiosque sur la guerre au Yémen, qui curieusement malgré les milliers de victimes fait beaucoup moins réagir que le vilain « ours » russe, il est vrai que comme dirait ma voisine c’est beaucoup plus loin…
Merci Mr Chabrier de cette juste analyse.
C’est la même chose avec tous les dictateurs sanguinaires, mais heureusement ils finissent tous de la même façon.
On doit y croire !
Seule Mme Le Pen sera déçue de sa chute, car il lui faudra chercher de nouveaux financements…