Château de Saumur. Des copeaux de bois pour faire pousser la micro-forêt

Dans quelques années se dressera une micro, mais néanmoins majestueuse, forêt au pied du château de Saumur. Elle prendra place dans le parc du château, près du pont-levis. 2 500 arbres et arbustes seront plantés sur une surface de 800m2. Mais avant de pouvoir envisager de s’ombrager et de flâner dans cette micro-forêt il y a encore un peu de travail. Un premier labour a été réalisé il y a une dizaine de jours par la ville de Saumur. Un labour peu profond, juste pour aérer le sol. Ce vendredi 4 février 2022, l’association La Maison des Arbres, qui porte en partenariat avec la ville ce projet de micro-forêt (relire notre article), était sur place pour la seconde étape de cette plantation d’ampleur. Une vingtaine de bénévoles de l’association étalaient 25m3 de bois ramés fragmentés (BRF) sur une épaisseur de 2 à 3 cm sur cette surface de 800m2.

Fertilisation naturelle du sol

« Il s’agit d’une technique qui vient du Canada. Cela consiste à étaler ce BRF, des branches de feuillus broyées. Ensuite nous recouvrons l’ensemble de foins venant de l’aérodrome de Saumur. Cela permet ensuite à des champignons de se développer et ainsi de commencer la fertilisation du sol en réamorçant le cycle de vie. Des bactéries se développent ce qui fait venir les insectes, puis de plus gros animaux, etc… leurs déjections et cadavres vont ainsi venir fertiliser naturellement le sol », explique Patrick Cahuzac, le président de l’association. Cela permet également de planter les arbres plus facilement simplement à l’aide d’une bêche et « d’éviter d’utiliser une machine pour faire 2500 trous ce qui ne correspond pas vraiment à l’esprit du projet ». Cela restera ainsi durant 9 mois et aux alentours de la Sainte-Catherine, en novembre, les arbres pourront être plantés.

Recréer un écosystème forestier

25 espèces différentes seront plantées sur cette parcelle. Des pieds de 40 à 80 cm d’arbres qui auront entre 1 et 2 ans. « Les plantations comprendront 3 types de végétaux : des arbustes (sureau, aubépine, troènes), des arbres moyens (des fruitiers sauvages) et des plus grands arbres (chêne vert, merisiers, conifères). On y trouvera des espèces locales, mais aussi des espèces d’ailleurs pour répondre à des enjeux de changement de climat. Des arbres comme le chêne vert seront plantés, car avec le changement climatique la végétation évolue. On trouve désormais des arbres qui doivent résister un peu mieux à la chaleur et la sécheresse », poursuit Patrick Cahuzac. L’idée est ainsi de recréer un espace dense de végétaux avec diverses variétés, 3 végétaux par m2, comme un milieu naturel et sauvage. « Nous souhaitons recréer un écosystème forestier, avec aucun entretien et aucune intervention humaine à l’avenir. »

Répondre aux enjeux environnementaux

Cela répond à plusieurs objectifs. Tout d’abord, stocker du carbone avec une moyenne de 10kg par arbre et par an soit 25 tonnes par an grâce à cette micro-forêt. Mais aussi soutenir la biodiversité en laissant des endroits naturels pour que la microfaune se développe et avec elle les oiseaux… Enfin, cela permet de réintroduire dans un espace urbain des écosystèmes sauvages. Des animations et actions pédagogiques seront menées avec les écoles et des panneaux seront placés pour expliquer la démarche et autres. Les élèves du Clos Coutard seront présents lors de la plantation. « L’idée est que cela puisse ruisseler vers les écoles et qu’eux aussi se mettent à porter des actions similaires. On s’aperçoit que seulement 100 m2 de pelouse permet le développement de la biodiversité de manière importante. Il nous faut absolument planter des arbres pour répondre aux enjeux du changement climatique. L’agglomération Saumur Val de Loire souhaite notamment planter 10 arbres par naissance sur le territoire. Cela est un premier pas. Selon une étude de Thomas Crowther de l’université de Zurich, il faudrait planter 10 arbres par habitant de la terre et par an pour contrer le réchauffement. Cela représente 1 million d’arbres en Saumurois, ce qui peut sembler utopique, mais en réalité par plusieurs petites actions c’est un objectif atteignable. Il faut vraiment que l’on passe la seconde sur le sujet et que l’on sorte des simples petites plantations parc ci, par là pour se donner bonne conscience et que l’on plante plus massivement des arbres », témoigne le président de l’association.