Rares sont les souverains qui, comme René d’Anjou, laissent derrière eux un tel courant de sympathie. Fils cadet de Yolande d’Aragon et de Louis II d’Anjou, il naît le 16 janvier 1409 au château d’Angers. Six ans plus tard, c’est la victoire écrasante des armées anglaises sur les troupes françaises à Azincourt qui décime une grande partie de l’aristocratie. Devenu duc de Bar, René épouse Isabelle de Lorraine en 1420. Il n’a alors que onze ans.
A la mort de son frère aîné, Louis III, il hérite des titres de duc d’Anjou, comte de Provence, roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem. Mais en juin 1431, à l’issue d’un affrontement contre le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, il est capturé. Il restera en captivité pendant six longues années. Libéré, il se rend à Naples pour affirmer son autorité, mais les événements tournent mal pour lui et il perd définitivement ce royaume en 1442, l’année du décès de sa mère.
En 1445, il marie sa fille Marguerite d’Anjou au roi Henri VI d’Angleterre. Il devient veuf en 1453, il a alors 45 ans. Il se remarie avec Jeanne de Laval l’année suivante. Ils s’installent d’abord à Saumur puis à Aix-en-Provence.
Le roi René est grand amateur de fêtes, de musiques, et de tournois. Amoureux des arts, comme le duc de Berry, il est l’un des mécènes les plus importants de la fin du Moyen Âge. Il n’a de cesse d’enrichir sa bibliothèque de livres somptueusement enluminés. Il s’entoure de peintres, d’orfèvres, de brodeurs et d’enlumineurs de talent. Il entretient une cour littéraire et savante et n’hésite pas lui-même, en qualité de poète, à composer plusieurs ouvrages dans la lignée des romans courtois et de chevalerie. Le plus illustre sera le Livre des tournois avec ses magnifiques illustrations attribuées à Barthélemy d’Eyck, son peintre préféré.
En Angleterre, le mariage de sa fille Marguerite connaît un dénouement tragique. Son mari est assassiné et elle est jetée en prison. Le roi René doit payer une rançon de de 50 000 écus pour la faire libérer. Il n’en a pas les moyens. Son neveu, devenu le roi Louis XI, accepte de payer la rançon à condition que René lui restitue son duché d’Anjou, car René le possède en apanage. Il devra le rendre à la couronne s’il n’a pas d’héritier mâle, or ses quatre fils sont décédés.
Le roi de Sicile s’est également montré infatigable bâtisseur. Outre le château d’Angers, il a rénové celui de Beaufort-en Vallée, de Baugé. En Provence comme en Anjou, il acquiert des hôtels et des maisons que maçons, charpentiers et peintres décorent somptueusement. Dans le Saumurois, subsistent le manoir de Launay à Villebernier et celui de la Ménitré.
René meurt à Aix-en-Provence le 10 juillet 1480. Jeanne de Laval fait revenir sa dépouille à Angers pour qu’elle soit enterrée dans la cathédrale Saint-Maurice.
Bibliographie : MATZ Jean-Michel et VERRY Elisabeth, Le Roi René dans tous ses Etats, Editions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, Paris, 2009
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