Présidentielles 2022 : L’éclairage d’élus saumurois. #1 avec Bernard Henry

« Flatté de votre message, cette démarche vous honore car effectivement, sensibiliser les citoyens et améliorer la participation aux élections est une noble mission pour votre média. Voici donc mes réponses à vos questions.
– Le contenu en lui même des débats
Le débat est important pour nourrir la réflexion, tant celle des électeurs que celle des candidats. Le propre de l’intelligence collective est de faire son miel des bonnes idées de chacun. Il y a des positions respectables à débattre. J’ai par exemple récemment apprécié des positions courageuses de la France insoumise, des propositions astucieuses de Mathieu Orphelin. Je n’ai rien trouvé à redire au premier discours d’Eric Zemmour qui tient d’un gaullisme classique de bon aloi. Que le plus convaincant l’emporte, par la raison et plus que par l’émotion, respectable mais quelquefois trompeuse. Un dialogue bien conduit fait apparaitre et comprendre les différences. Le débat de fond est de savoir si de pseudo élites vont conditionner les Français pour faire leur bonheur malgré eux ou si le peuple français va mettre l’Etat au service des Français au principe que la sagesse populaire vaut mieux que celle des techniciens. Pour qu’il y ait débat il faut bien que les contenus soient différents, c’est normal et même indispensable. Mais il faut une méthode qui respecte le raisonnement, qui laisse s’exprimer la logique des positions pour qu’on délaisse les idioties sans fondement et que l’on s’incline par le discernement.

– Les thèmes que vous aimeriez voir aborder (ex. sécurité, solidarités, climat, services publics, pouvoir d’achats, sanitaire (vaccination)…)
Toutes ces listes de thèmes sont banales et l’on sait bien qu’il n’existe pas de solution miracle. J’aimerais bien que l’on aborde les questions de mise en œuvre, de nuisances administratives et réglementaires qui ne dépendent ni de la droite ni de la gauche : les solutions proposées reviennent toujours à davantage de réglementation, plus de contrôles improductifs, plus de frein à l’activité, moins de possibilité de d’action pour les soi-disant « responsables » qui en fait sont ligotés entre des injonctions contradictoires et une menace judicaire qui les empêche de prendre les bonnes décisions. Le préfet semble découvrir les soucis causés par l’ABF. Il est temps. A quoi bon les annonces répétées de nouvelles politiques si les décisions de justice ne sont pas appliquées, si les mots de travers sont jugés sévèrement dans la semaine quand les agresseurs physiques attendent en liberté le trimestre ? Que la justice s’occupe de protéger les biens et les victimes. Et laissons les électeurs souverains juger des paroles et des idées.

– le candidat qui vous séduit pour le moment le plus si vous souhaitez le dire
Pour le moment, je remarque que le président fait campagne mais qu’il n’est pas encore candidat. Je suis outré de sa stratégie indigne et démagogique qui l’oppose à des Français honnêtes dont il censé défendre la liberté. Je regrette que les parlementaires n’aient pas destitué le président pour outrage à sa fonction. Je souhaite que le peuple retrouve le pouvoir par ces élections, présidentielles mais aussi législatives car une assemblée nationale forte et courageuse est indispensable pour équilibrer le pouvoir du gouvernement. De nombreux aspirants à la présidence n’arrivent pas à remplir les conditions de candidatures. Il est du rôle des maires de faciliter l’émergence d’une belle diversité de choix et d’idées, faute de quoi cette campagne risque de n’être qu’une mascarade organisée par des élus en place pour conserver leur pouvoir. Le but en bonne démocratie est de donner voix au chapitre à tous les courants. Un candidat malheureux à la présidentielle peut très bien devenir ensuite un ministre solide, déjà connu, aux positions affirmées ce qui changerait des inconnus, sûrement brillants mais dociles et justes sortis des cabinets, qui peuplent actuellement le conseil des ministres.

Pour résumer,

1) Je souhaite que les maires investissent davantage de candidats pour enrichir un débat qui sera plus ouvert aux idées et plus fructueux,
2) la question n’est pas tant la politique prônée que la capacité à la mettre en œuvre sans effet pervers
3) Au cours de cette campagne, il faut laisser les candidats et leurs équipes murir et affiner leurs positions à l’écoute de la volonté des Français »