Alors celle-la, autant vous dire que je me suis bien fait avoir pendant longtemps. J’étais persuadé – allez savoir pourquoi – qu’il fallait être un féru d’Histoire, et plus précisément du Moyen-Âge, pour comprendre l’origine et le sens de cette étrange expression. Quelle ne fût pas ma stupéfaction lorsque je compris qu’il n’en était rien. Pas de Charles Martel en vue, aucun rapport. Je n’ai pas pleuré, certes, mais j’étais un brin déçu. Je me suis rassuré en me disant que, peut-être, le Roi des Francs était un homme particulièrement anxieux ou affecté. N’étant pas certain que l’on ait gardé une trace aussi pointue du caractère de cette figure, j’ai fait mes petites recherches.
À une époque, et jusqu’au XVIe siècle, on utilisait couramment en France le substantif “martel” en lieu et place de… marteau, l’outil qui frappe les têtes de clous. Chose étonnante, ce mot désuet, archaïque, a disparu de l’usage (remplacé par celui que l’on connaît tous et toutes) mais est resté uniquement dans un cas bien spécifique : l’expression sus-nommée. “Martel” s’est cristallisé autour d’une locution (“avoir martel”) pour signifier “avoir du souci”.
La forme définitive “se mettre martel en tête” s’est figée au cours du XVIIIe siècle avec une imagerie assez simple à visualiser : être tant obsédé par une idée qu’elle en devient plus lourde qu’un marteau dans notre tête. Sachez qu’elle a pu aussi signifier être jaloux maladif à son origine. Donc lorsque vous prierez quelqu’un de ne pas s’inquiéter, vous n’aurez qu’à mettre l’expression à la négative.
On le sait, lorsque l’on bricole, on doit prendre des précautions pour ne pas se blesser. Le marteau, mal manié, est une arme contondante dangereuse et, si l’on fait attention à ne point écraser ses doigts, il serait bon à l’avenir de ne pas se l’écraser sur la tête. Lâchons un peu prise.
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