Saumurois. Des travaux sur le Thouet pour répondre à de multiples enjeux et usages

Nous vous en avions parlé en octobre dernier, la communauté de communes Saumur Val de Loire a réalisé en 2022 des travaux de restauration de la morphologie du Thouet suite à l’arasement de plusieurs barrages, afin de lui redonner du débit et augmenter le niveau de l’eau (relire notre article). En effet, ce cours d’eau a subi depuis plusieurs siècles différents aménagements qui ont entrainé une modification profonde de son cours d’origine. « Dans un objectif d’amélioration des cours d’eau et pour répondre aux directives de l’Agence de l’eau, de l’Europe, de l’Etat… Nous avons fait réaliser des travaux qui consistent à rétrécir le lit du Thouet et à créer des passages où le niveau de l’eau est plus faible et où celle-ci court plus. Cela en alternance avec des passages plus stagnants, comme cela serait le cas naturellement », explique Eric Mousserion, vice-président de l’agglomération en charge de la gestion des milieux aquatiques et du Thouet. Les travaux en question, ont été réalisés à différents endroits sur le Thouet au niveau des communes du Puy-Notre-Dame, du Vaudelnay et de Montreuil-Bellay. Ils ont consisté à apporter des pierres et des blocs dans le lit de la rivière et sur ses abords pour dessiner un nouveau parcours plus naturel. 120 végétaux ont également été plantés et d’autres le seront au printemps. Désormais terminés, ils représentent un investissement de 388 888 euros financés à 50% par l’Agence de l’Eau, 30% par la Région et 20% par l’agglo. Pour David Laurendeau, technicien rivière au sein de l’agglomération, « cela permet de recréer un courant, de limiter le dépôt de sédiments et réoxygéner l’eau pour favoriser le développement de la faune et de la flore. »

Le barrage des Nobis rénové

Dans le même temps, l’agglomération a investi 150 000 euros entièrement de sa poche pour la réfection du barrage des Nobis à Montreuil-Bellay (relire notre article pour plus de détail sur le projet). En effet, en période de crue, les barrages maçonnés sont fortement sollicités. Au fil du temps, l’érosion finit par user les maçonneries en question. Les travaux ont donc consisté à conforter cet ouvrage de 120m qui était particulièrement usé et présentait de nombreux points de fragilité. Il a fallu remplacer les moellons emportés par la rivière au fil des crues, rejointoyer et colmater les fissures. Marc Bonnin, maire de Montreuil-Bellay explique que « le barrage était dans un état de délabrement particulièrement avancé. J’avais donc alerté la communauté d’agglomération sur le sujet. Elle est venue sur place pour constater cela et a accéléré les travaux initialement programmés pour 2027 et je les en remercie. » D’autant que les enjeux de ce barrage sont multiples, bien que tout à fait différents des travaux précédemment évoqués sur le Thouet. « Les travaux étaient ici nécessaires, parce que le barrage était évidemment en mauvais état, mais aussi parce qu’il y a un certain intérêt avec le patrimoine alentour. Nous avons à proximité des bâtiments historiques dont les fondations sont en bois et doivent absolument rester dans l’eau. Il convient donc de conserver un certain niveau. A noter également l’aspect touristique essentiel de conserver un bassin d’eau à cet endroit. A cela s’ajoute les différents usages touristiques et de loisirs comme le canoë, la randonnée, mais aussi la pêche », ajoute Eric Mousserion. Pour répondre aux attentes des Architectes des Bâtiments de France, les travaux ont du répondre à quelques attentes particulières : être réaliss à la main, avec des produits particuliers (chaux…), etc.

Le Thouet, un sujet complexe aux nombreux enjeux

Le Thouet est un sujet difficile qui mêle de nombreux enjeux en fonction des différents usages de chacun. L’agglomération doit donc mener une politique sur plusieurs fronts afin de répondre aux différentes attentes. C’est ce qu’explique le président de l’agglomération, Jackie Goulet : « Le Thouet, comme la Loire, est un cours d’eau qui revêt un certain côté sentimental. Certains ont des souvenirs de pêche avec leurs grands-parents, d’autres s’en souviennent pour son cadre remarquable, d’autres encore pour sa nature… Quoi qu’il en soit, il faut composer avec les différents usages et concilier les choses : pêche, agriculture, tourisme, environnement… Ainsi, il ne sera jamais possible de combler parfaitement et de mener une politique qui convienne à tout le monde. Il faut cependant tenter de prendre en compte tous les enjeux. » Quant à la question de savoir si les choix politiques faits dans le passé concernant la gestion du Thouet sont regrettables ou au contraire bénéfiques, le président rétorque : « La question du Thouet est très complexe. Nous ne critiquons pas ce qui a été fait par le passé, ce qui a été fait a été fait et ce qui a été rasé l’a été, dont acte. Quoi qu’il en soit, ce qui ne l’a pas été ne le sera pas et on ne touchera pas aux barrages existants durant tout ce mandat. En revanche, nous allons mener une politique d’accompagnement des arasements qui ont été faits pour, comme sur cette portion du Thouet, lui redonner un cours plus naturel et améliorer la qualité de l’eau. »