Marlène Chalopin-Barré est un nom bien connu du Saumurois puisqu’elle y dirige une étude notariale depuis 13 ans maintenant avec deux associés dont son époux Guillaume Barré. Originaire de Longué-Jumelles, elle a grandi au sein de l’exploitation agricole familiale et s’est lancée dans des études de notariat d’abord à Angers puis à Rennes. « C’est là que j’y ai rencontré mon époux », souligne-t-elle. Ils travaillent ensemble durant une année au Mans puis déménagent ensemble à Vannes où ils travaillent chacun dans une étude différente. « Nous souhaitions nous installer en tant que notaires, et pour ça il n’y a pas le choix que de reprendre une étude. Mais nous n’avions alors qu’un seul enfant et il est très difficile de s’installer tant que l’on n’est pas posé de ce côté. Un notaire cédant une étude m’avait dit à l’époque « Vous n’avez qu’un seul enfant ? Et vous souhaitez en avoir d’autres ? » et il m’avait fait comprendre que cela n’était pas possible. Nous avions alors été passablement agacés. Mais nous avons eu nos deux garçons, Louis et Armand », raconte Marlène Chalopin.
Retour en Saumurois en 2010
Le couple se met donc à la recherche d’annonces et « concours de circonstance Mes Treutenaere et Dima cherchaient à céder leur étude rue du Temple à Saumur. C’est ainsi que je suis revenue en Saumurois après 6 ans passés en Bretagne. » C’est en 2009 que le couple engage les premières démarches et finalement, un an plus tard en mai 2010 « nous prêtions serment tous les deux au tribunal de Saumur. » Rapidement, les deux notaires se rendent compte que les locaux, situés rue du Temple, ne sont pas des plus pratiques : « Le bâti était ancien, mal isolé et la rue très peu passante, ce qui n’est pas des plus avantageux en termes de visibilité. » En 2012, ils déménagent alors dans la rue Beaurepaire. Entre temps en 2011, Marlène et Guillaume ont été les premiers en Saumurois à lancer un service négociation qui « avait fait grand bruit et nous avions essuyé quelques ruades, de la part des agents immobiliers, notamment qui pensaient qu’on allait empiéter sur leur activité. Mais cela répondait à une demande des clients. Ensuite, on s’est rendu compte que tout le monde y a trouvé sa place. » 13 ans plus tard, l’étude est aujourd’hui la plus importante de Saumur et compte 17 salariés pour évoluer dans les domaines du droit de la famille, le droit immobilier et le droit des sociétés.
Saisir l’opportunité qui se présente
« J’ai adoré ces 13 années. Elles ont été très enrichissantes et ont été faites de très nombreuses rencontres avec des gens divers : clients, partenaires, agences, banques, courtiers, avocats, huissiers, géomètres… C’est un métier formidable où l’on entre dans l’intime, dans le secret des personnes », commente Marlène Chalopin en dressant le bilan de ces années passées. « Mais j’aime l’idée d’avoir plusieurs vies dans une vie. J’aime me réinventer, ouvrir de nouvelles portes et saisir et créer des opportunités. » Une opportunité, elle en saisit une il y a environ un an maintenant : « Alors que déjà des idées jaillissaient sur une autre histoire professionnelle, Céline Montanier a fait savoir qu’elle cherchait à s’installer en tant que notaire à Saumur. Je me suis dit « n’est ce pas l’appel pour faire autre chose ? » D’autant que je suis quelqu’un qui donne toute son énergie dans ce qu’il fait et que je savais pertinemment que je ne pouvais me projeter dans un nouveau projet avec la charge mentale qui était la mienne et en assurant mon métier de notaire. Il fallait cette rupture. » Depuis trois semaines maintenant, elle a totalement arrêté et cédé sa place à sa successeure.
« Changer de vie parce que l’on est heureux de ce que l’on a accompli »
Ce choix, Marlène Chalopin-Barré assure l’avoir fait en pleine conscience et après en avoir longtemps discuté avec sa famille. « Nous avons certaines valeurs, parmi lesquelles la confiance les uns envers les autres. Si quelque chose nous rend heureux, alors il faut le faire. Ma famille m’a laissé faire, car elle savait que c’était bien pour moi. En aucun cas, ils n’ont freiné les choses. Y compris pour mon époux qui était par ailleurs mon associé. Sur le plan professionnel, il change d’associée, mais l’étude est aujourd’hui suffisamment solide. Je ne me suis jamais sentie indispensable. On dit souvent que personne n’est indispensable, tout le monde est nécessaire. » Par ailleurs, elle assure que si ce changement auquel elle pensait depuis un moment ne s’était pas fait en 2023, il serait probablement survenu « en 2024 ou en 2025 ». Un changement de vie que tout le monde ne comprend pas toujours et qui interroge. « J’ai entendu beaucoup de choses depuis l’annonce de mon départ, chacun y va de son propre commentaire. Certains ont même associé cela à un voyage humanitaire de 2 semaines que j’ai fait en novembre dernier au Cambodge avec l’association MH d’Azay-le-Rideau. Nous allions de villages en villages pour apporter des médicaments notamment. Cela a été une formidable expérience qui était prévue depuis au moins 3 ans, mais qui a été reportée avec le covid. Cela n’a été en aucun cas un déclic, même si cela permet de réfléchir à notre manière de vivre et comment d’autres vivent. » Et d’ajouter : « Dans l’esprit des gens, on part forcément pour quelque chose de mauvais et il n’est pas possible de partir parce que l’on est heureux de ce que l’on a accompli et que l’on a d’autres envies. »
Aucun regret
Aujourd’hui, elle assure avoir « adoré tout ce que j’ai fait, ne rien regretter et assumer tout ce que j’ai fait. » D’anciens clients qui « se sentent lâchés » lui ont témoigné : « Vous allez partir avec mes secrets ! » Pour Marlène Chalopin « Il est vrai qu’il y a eu de belles rencontres, notamment lorsque l’on fait de recherches d’héritiers, que dans une famille il y a les enfants d’un premier lit qui n’ont jamais rencontré ceux d’un deuxième, que l’on est là pour vivre le choc de découvrir au moment d’un décès que l’on a des frères et sœurs que l’on ne connaissait pas. Ce sont autant de moments que je n’oublierai pas. Il y a aussi eu des moments plus difficiles, car on reste malgré tout chef d’entreprise avec tout ce que cela comporte. Mais on ne peut pas toujours faire les choses pour les autres et le moment était venu pour moi de me réinventer. »
La fin d’un chapitre, le début d’un autre…
Se réinventer mais comment et en quoi, en qui ? « Je me suis interrogée sur ce que j’aimais faire. J’aime être avec les gens, avoir un contact, conseiller, transmettre et me sentir utile. Pour le moment, je suis en pause professionnelle pour profiter de mon entourage et prendre le temps de faire le point. » Si elle n’a pour le moment pas de projets concrets de dessinés, quelques pistes sont cependant envisagées : « Je pense notamment à la magistrature où je pourrai par exemple accompagner et mener des actions auprès de femmes ou bien un métier où je pourrai conseiller patrimonialement. Pourquoi pas aussi mener un engagement politique, j’y réfléchis ! » Quoi qu’il en soit, un chapitre vient de se clore et des pages encore blanches attendent qu’une autre ne s’écrive.
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