« Pas piqué des hannetons »
Amis des bestioles qui grouillent, rampent ou bourdonnent, je suis persuadé que cet épisode vous ravira. Pour les autres (comme moi), rassurez-vous, ça ne durera pas longtemps. Les insectes nous ont fourni pléthore d’expressions langagières, pour la plupart assez simples à comprendre (avoir le cafard, la taille de guêpe ou le bourdon ne méritent pas vraiment qu’on s’y attarde), mais il en demeure une qui m’était longtemps restée assez floue tandis que je l’employais parfois. Si vous savez qu’elle est l’activité favorite des hannetons, ou que vous êtes fréquemment amenés à les croiser dans vos jardins fleuris, alors le mystère n’est pas bien épais. Pour les autres, point d’inquiétude, j’arrive.
Héritée du monde paysan au XIXe siècle, cette image provient des ravages que ladite maudite bestiole pouvait perpétuer dans les cultures. Le hanneton grignote et fait des trous dans les végétaux. À dire vrai, à cette époque, on n’employait pas la négation, ce n’était même pas métaphorique : les hannetons “piquaient” littéralement bois, branches, feuilles, fruits et légumes. Dès lors que quelque chose présentait des trous, on accusait le petit scarabée d’être passé par là. Par extension, au XXe, dire de quelque chose, d’une activité ou d’une personne qu’elle n’est “pas piquée des hannetons” revient à la juger intacte, bien conservée, brute, voire même exceptionnelle. C’est un dérivé de “pas piqué des vers” dont la sémantique est exactement similaire. En gros, la chose ne présente pas de “trous” et donc d’imperfections.
On a l’habitude de prétendre, pour rassurer les bambins arachnophobes, que ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse. Allez dire ça maintenant à un arbre qui se serait retrouvé sur la route d’une bande de hannetons patibulaires…
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Commentaires 1
Rubrique géniale, à lire, relire, faire lire