«Je suis ChatGPT, un grand modèle de langage entraîné par OpenAI. Mon rôle est d’aider les utilisateurs à poser des questions et à fournir des réponses en utilisant les connaissances que j’ai acquises grâce à mon entraînement sur un vaste corpus de textes». Cette plateforme de traitement du langage écrit ou parlé fait couler beaucoup d’encre. ChatGPT émerveille autant qu’elle terrorise tant elle symbolise l’avancée fracassante et inéluctable de l’intelligence artificielle dans notre société. Aux applications primaires des «chatbots» développés dans les années 70, reformulant des données pour les servir en retour, succèdent aujourd’hui des programmes prédictifs élaborés, interactifs et personnifiés. Des assistants digitaux capables d’analyser les comportements sensibles des utilisateurs pour mieux les pister. Nous en sommes tous témoins ou victimes quand nos écrans s’éclairent de publicités opportunistes nous proposant le voyage auquel nous rêvions… sans Amazon! Des algorithmes surpuissants assurent une réactivité stupéfiante convertie en conversation documentée, experte et personnalisée. Une véritable aubaine pour faire des éditos sagaces, instruits… d’écrire vite, d’afficher un savoir interloquant. La tentation était donc forte de proposer à ChatGPT de vous parler de cathodoluminescence ou de la recalescence du fer, mais j’étais sûr du résultat, de l’efficience du propos, et certain de vous… raser. Alors j’ai cherché à piéger mon interlocuteur virtuel autour de thématiques chères à notre culture locale. Sur la croupade «un mouvement de dressage avancé dans lequel un cheval saute en hauteur tout en rentrant fermement ses pattes arrière sous son corps», comme sur les fouées «petits pains cuits dans un four à bois traditionnel», il fut irréprochable.
Ne me quitte pas
Quelques secondes suffirent pour briser mon scepticisme, mais pas mon ardeur. Je l’aurai un jour je l’aurai, topette! Ah, tiens, je le tiens. Allons-y. Je tape topette dans l’espace de questionnement et voilà que mon nouveau collaborateur s’épanche pour me dire: « Topette est un mot utilisé dans certains dialectes du français pour dire « au revoir ». C’est une expression informelle et régionale qui est principalement utilisée en France, dans les régions du Centre et de l’Ouest, comme la Touraine, l’Anjou ou le Poitou. La signification exacte du mot n’est pas claire, mais il est probablement dérivé du verbe « toper » qui signifie « se saluer » ou « se donner la main ». Ainsi, « topette » peut être considéré comme une contraction de « à la prochaine poignée de main ». C’est une expression sympathique et conviviale, souvent utilisée entre amis ou entre personnes qui se connaissent bien». Bluffant !
Rien n’arrête le robot auquel je vais toutefois demander un effort particulier pour une variation de topette, en mode «jeunes». « Allez topette » pourrait être traduit en langage jeune par « Allez, à plus ! » ou « A plus, mec ! » C’est une expression informelle et conviviale souvent utilisée entre amis pour se dire au revoir de manière détendue. Elle est généralement accompagnée d’un geste de la main ou d’une tape amicale sur l’épaule». Bon, bon pourquoi ne pas oser une troisième requête, version poétique. »Sur la route de nos vies éphémères, Séparons-nous avec un doux sourire. Ainsi vont les choses, sans un bruit, Allez topette, ami fidèle et sincère. Dans cette version, l’expression « topette » est utilisée comme une manière familière et affectueuse de dire au revoir à un ami cher, tout en soulignant la nature éphémère de la vie». Impressionnant !
De quoi nourrir les inquiétudes de ceux qui entrevoient l’application de ces potentiels au détriment des ressources humaines, de nombreuses tâches professionnelles appelées à s’éteindre. ChatGPT est-il réellement une menace, un substitut dopant pour nos paresses intellectuelles, un antidote qui neutralise les bienfaits de la vie sociale où un réel progrès dont on peut imaginer les bienfaits, notamment en matière de sciences. L’intelligence artificielle est entrée dans nos vies supervisées par les robots espions du e-commerce, des réseaux sociaux, des objets connectés. Certes, elle peut nous accompagner, mais jamais nous gouverner. Depuis mon clavier, sans limite et sans attendre, je sollicite mon sophiste déshumanisé pour l’écriture d’une thèse, d’une chanson ou le dessin d’une affiche, d’un logo, pour de la connaissance… artificielle.
“L’émotion artistique cesse où l’analyse et la pensée interviennent”, alors topette, je m’en retourne pour retrouver Brel, mais ne vous quitte pas, sans vous offrir une perle de pluie venant d’un esprit qui ne se clone pas.
«Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit».**
Georges Chabrier
* emprunté à Max Jacob
** emprunté à Arthur Rimbaud (le Dormeur du Val)
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Commentaires 3
Bonjour monsieur CHABRIER. Belle écriture.
A noter que même chatGPT est déjà dépassé….
Y a t il maintenant une limite dans l’intelligence artificielle ? L intelligence humaine on connait.
Bon dimanche
La topette a plusieurs sens
1/Pinceau servant à tamponner.
2/Petite bouteille d’alcool.
3/Canette de bière en Nouvelle-Calédonie.
4/ »Salut » de la région angevine.
Comme toute avancé technologique celle-ci a les avantages de ses défauts.
Wikipédia est une formidable encyclopédie en ligne mais qui ne fait que restituer ce qu’on y met d’où le risque d’être détournée.
Comme le réfrigérateur qui ne rend que ce qu’on lui confie, Wikipedia et les editos « étalage » ne font guère avancer la nature. Topette en langage angevin veut dire « au revoir « . Eh bien Topette Monsieur Chabrier.