En septembre 2017, le président de la République a confié à Stéphane Bern une mission d’identification du patrimoine en péril et de recherche de nouvelles sources de financement pour le restaurer. De cette initiative est né le Loto du Patrimoine, dont le produit a été attribué à la Fondation du patrimoine. Un partenariat a été établi par une convention pluriannuelle entre la Fondation du patrimoine, le ministère de la Culture et la FDJ, pour organiser cette opération originale, qui a suscité dès son lancement l’engouement des Français. Dix-huit projets emblématiques du patrimoine des régions de métropole et collectivités d’outre-mer et un projet par département sont retenus chaque année, selon quatre critères principaux : l’intérêt patrimonial et culturel, l’état de péril, la maturité du projet, son impact sur le territoire et le projet de valorisation. L’appel à projets est ouvert sur le site missionbern.fr/signaler-un-site. Propriétaires, associations, communes et passionnés de patrimoine sont invités à identifier les sites en péril partout en France. Ces signalements peuvent être effectués tout au long de l’année.
Plus de 700 sites aidés
Depuis la première édition en 2018 : 5 500 sites en péril ont ainsi été signalés, dont plus de 700 nouveaux sites pour l’édition 2023, et des millions de joueurs participent chaque année aux jeux de grattage et de tirage « Mission Patrimoine » de la FDJ. La Mission patrimoine a aidé 762 sites pour leurs travaux de restauration, dont 108 projets emblématiques du patrimoine régional et 654 sites départementaux. Aujourd’hui, plus de 60 % sont d’ores et déjà sauvés ou sur le point de l’être. 230 sont terminés et 240 chantiers sont en cours.
Les lauréats du loto du patrimoine dévoilés
Les sites emblématiques régionaux sont annoncés ce jeudi 16 mars par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. Le montant de la dotation de chaque site sera annoncé lors des prochaines Journées européennes du patrimoine. Pour la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak : « Restaurer le patrimoine ce n’est pas uniquement rénover de « vieilles pierres », c’est restaurer un imaginaire, une histoire, les rêves qui les ont construits, c’est offrir une nouvelle vie à un lieu, l’ouvrir aux habitants, y accueillir des projets qui créent du sens et du lien. C’est la 6ème année que le Loto du patrimoine permet de fédérer les énergies et de construire un nouveau mode de partenariat entre les services de l’Etat et une myriade de porteurs de projets (communes, propriétaires privés, associations…). Il est un formidable catalyseur de mobilisation citoyenne. Derrière chaque site sauvé, ce sont des habitants engagés qui se battent pour faire revivre leur patrimoine, des bénévoles qui suivent les chantiers, des entreprises locales et des artisans qui portent au quotidien la passion du patrimoine et les savoir-faire de nos régions. » Pour Stéphane Bern : « Pour cette 6ème année du loto patrimoine, ces 18 nouveaux sites emblématiques reflètent une fois encore la diversité de notre précieux patrimoine : qu’il soit agricole ou vernaculaire, industriel ou ouvrier, religieux consacré ou désacralisé, archéologique, château ou maison d’illustre… le patrimoine est l’affaire de tous. Ces monuments ce sont les Français qui me les ont désignés sur la plateforme participative missionbern.fr ! La Mission que je porte, aidé de la Fondation du patrimoine et du Ministère de la Culture est là pour les accompagner, non seulement à sauver ces monuments mais à leur assigner si nécessaire une nouvelle vocation éducative et inclusive afin de le transmettre de façon pérenne aux futures générations. Le patrimoine c’est de la culture à portée de main et un facteur d’égalité dans tous les territoires. Nous devons collectivement en prendre soin. » Enfin, pour le Président de la Fondation du Patrimoine, Guillaume Poitrinal : « Le Loto du patrimoine est un très grand succès. Les 900 bénévoles de la Fondation du patrimoine relèvent partout en France le défi d’identifier et de sauver de la ruine et de l’oubli des trésors du patrimoine local. Mais les besoins sont immenses et il reste tant à faire. La Fondation du patrimoine a à cœur de renforcer ses moyens pour rendre la France plus belle. »
La liste complète des 18 sites emblématiques de 2023 :
– Auvergne-Rhône-Alpes – Abbaye de Saint-Antoine à Saint-Antoine-l’Abbaye (Isère) Bourgogne-Franche-Comté – Ancienne cathédrale Saint-Vincent à Mâcon (Saône-et-Loire)
– Bretagne – Château de Montmuran aux Iffs (Ille-et-Vilaine)
– Centre-Val de Loire – Ateliers Lorin à Chartres (Eure-et-Loir)
– Corse – Maison de Colomba à Fozzano (Corse-du-Sud)
– Grand Est – Maison-atelier de potier Wingerter-Ruhlmann à Betschdorf (Bas-Rhin)
– Hauts-de-France – Chartreuse Notre-Dame-des-Prés à Neuville-sous-Montreuil (Pas-de-Calais)
– Ile-de-France – Site archéologique gallo-romain à Châteaubleau (Seine-et-Marne)
– Normandie – Synagogue d’Elbeuf (Seine-Maritime)
– Nouvelle-Aquitaine- Abbaye Saint-Jean à Sorde-l’Abbaye (Landes)
– Occitanie – Pont-aqueduc romain à Ansignan (Pyrénées-Orientales)
– Pays de la Loire – Moulin du Pavé dit « de Brissac » aux Garennes-sur-Loire (Maine-et-Loire)
– Provence-Alpes-Côte d’Azur – Institut de biologie marine Michel Pacha à La Seyne-sur-Mer (Var)
– Guadeloupe – Ancienne sucrerie de l’Habitation Belleville à Trois-Rivières
– Martinique – Hôtel de Ville à Saint-Esprit
– Guyane – Eglise Saint-Antoine-de-Padoue à Saül
– La Réunion – Ancienne chapelle Sainte-Jeanne-d’Arc à Saint-André
– Mayotte – Ancienne préfecture – Maison des Gouverneurs à Dzaoudzi
A propos du Moulin du Pavé dit « de Brissac »
Juché sur la crête du coteau de l’Aubance, site naturel classé depuis 1943, le Moulin du Pavé a longtemps figuré sur toutes les cartes postales de Brissac au côté du fameux château et sur de nombreuses cartes de l’Anjou tant il en était typique. Il est le seul survivant d’une batterie de 12 moulins regroupés dans un rayon de moins de 500 m et datant pour la plupart des XVIIe et XVIIIe siècles.
Construit vers 1580, le Moulin du Pavé, consacré à la meunerie, serait le plus ancien d’entre eux. En 1809, on recensait en Anjou 1 200 moulins à vent, dont 650 d’une variété spécifique à cette région : les moulins-caviers. À ce jour, un seul de ces moulins est encore en mesure de tourner : il s’agit du Moulin de Gasté à Grézillé (situé à 15 km). Celui de Brissac fonctionnait encore à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En deux siècles, ces éléments emblématiques du paysage, du patrimoine et de la culture de ce territoire ont quasiment tous disparu. Le moulin a été inscrit au titre des monuments historiques en 2022. Après sa cessation définitive d’activité en 1949, le moulin s’est fortement dégradé et n’a pas été restauré depuis une dernière intervention en 1978. Pour éviter leur chute, les ailes ont dû être déposées en 1996. Après deux éboulements importants de la masse sur ses versants nord et sud, le monument menace aujourd’hui de s’effondrer complètement. A la demande de l’architecte des Bâtiments de France, un étaiement d’urgence a été posé en 2021.
Le projet de valorisation : La restauration du moulin a une triple vocation : patrimoniale, touristique et culturelle. Le site est aujourd’hui ouvert ponctuellement lors des Journées européennes du patrimoine et des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins. L’objectif est d’en faire un espace vivant à l’année, avec l’accueil d’expositions et de manifestations culturelles ou artistiques dans les bâtiments annexes. L’ambition est qu’il constitue à terme un des points d’attraction touristique majeurs de l’Aubance, dans le sillage du château de Brissac. L’association des Amis du Moulin de Brissac créée en 2020 sera chargée de promouvoir et animer le monument en assurant des visites et en organisant des démonstrations de mouture de farine avec la participation d’un meunier.
Nature des travaux à réaliser : Réhabilitation globale de l’édifice et de ses dépendances pour lui redonner son aspect originel :
– Restauration de la toiture en lauzes d’ardoise, des voûtes en tuffeau et de la cabine mobile en chêne dite « hucherolle »
– Restitution des ailes et du mécanisme moteur afin de pouvoir le remettre au vent.
Démarrage des travaux : été 2023
Fin des travaux : 2024
Infos pratiques : La collecte est en cours avec la Fondation du patrimoine. Plus de renseignements sur https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/moulin-de-brissac-aux-garennes-sur-loire
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Commentaires 1
Belles actions pour nous tous, mais deux observations et propositions :
1- il y a quelques années, en Normandie, des cofinancements européens étaient mobilisés pour le petit patrimoine rural, pourquoi pas aujourd’hui ?
2- les éoliennes proposées par EDF et consorts sont très laides et suscitent des réactions hostiles : les opérateurs et les politiques devraient promouvoir les projets éoliens réutilisant les moulins à réhabiliter !
Bravo à M. Bern