Le principe de l’arnaque financière remonte à des siècles, mais c’est dans les années 1920 qu’un immigré italien aux Etats-Unis va instaurer les principes fondamentaux d’un vaste mensonge, jusqu’à donner son nom à cette dernière : le système Ponzi (ou Pyramide de Ponzi, ou encore système pyramidal). La méthode est enfantine à bien y réfléchir, il s’agit avant tout d’avoir du bagou, car comme nous le rappelle bien souvent notre ami le Renard : “Les mensonges n’engagent que ceux qui y croient”. La Fontaine ne croyait pas si bien dire dans ses fables puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un type qui raconte un bobard à un autre, mais un énorme bobard pour le coup. Et plus c’est gros plus ça passe, vient nous confirmer un adage un brin moins poétique. Dans l’idée, il s’agit de faire une promesse alléchante à quelqu’un qui ne sait pas trop quoi faire de son épargne, comme un investissement avec un rendement absolument absurde, sans aucune forme de risque. En somme : on investit une coquette somme dans un projet en sachant qu’on va toucher rapidement des sous, vraiment beaucoup de sous, et le tout sans craindre de perdre quoi que ce soit. Le rêve de tout entrepreneur ; l’investissement zéro risque. Le hic ? On place son argent sur du vent qui le souffle loin, très loin de soi. Littéralement, on le donne à l’arnaqueur, et avec le sourire.
Système pyramidal : l’argent gratuit
Bien entendu, cela ne fonctionnerait pas si certaines personnes n’en tiraient pas de bénéfices. On parle de pyramide pour l’organisation verticale que celle-ci revêt ; tout en haut, l’instigateur qui se constitue, à l’étage inférieur, sa première génération d’investisseurs. Pour que l’arnaque fonctionne et dure, le maître voleur a besoin d’ambassadeurs pour étendre son réseau d’influence et engranger toujours plus. Ainsi, pour que la première génération ne se sente pas flouée, il cherche une deuxième génération d’investisseurs pour leur soutirer de l’argent et créer de faux rendements à distribuer aux premiers. Ensuite, faut-il trouver une troisième génération pour que la première et la deuxième continuent d’y croire, etc. Sur le papier, on pourrait continuer longtemps comme ça, et c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé avec l’affaire Bernard Madoff, en 2008 aux Etats-Unis, lorsque le FBI a arrêté cet homme d’affaires avec un butin estimé à 65 milliards de dollars. Mais ce genre d’arnaque n’est pas réservée aux financiers ; plus récemment, l’acteur américain Zachary Horwitz est suspecté d’avoir soutiré près de 690 millions de dollars à des investisseurs d’Hollywood pour le supposé achat de droits sur des films et séries. En vérité, n’importe qui peut monter ce genre de schéma, à condition d’avoir bien travaillé ses arguments et de posséder une solide culture dans le domaine visé. Le plus terrible finalement, c’est que le système travaille presque tout seul une fois les pourvoyeurs de fonds trouvés. Et, parfois sans nous en rendre compte, nous avons été témoins – sinon
victimes – de cet odieux stratagème.
Réseaux d’influence
N’avez-vous pas croisé ces offres alléchantes en scrollant Facebook ou Instagram ? Comme quoi vous pourriez compléter vos fins de mois difficiles avec 500, 600, voire même 800 euros supplémentaires, le tout sans bouger les fesses de votre ordinateur et sans que ça vous prenne trop de temps. Mais sans jamais vraiment vous dire comment, sinon en vous affirmant bêtement que “ça marche pour moi” ou en vous montrant des montages assez risibles de faux virements sur des comptes bancaires photoshopés. Beaucoup se laissent berner par ce mirage et, en ces temps précaires, l’annonce d’argent facile a de quoi appâter
le chaland. Je vous le disais, cette arnaque n’est pas réservée au monde de la finance et des puissants, monsieur et madame tout le monde peuvent être victimes de ce montage frauduleux. Souvent, les chantres de ce système (eux-mêmes victimes, rappelez-vous bien) sont forcés de trouver de nouveaux clients/investisseurs s’ils veulent continuer à toucher de l’argent, puisqu’ils ont eux aussi investi plus tôt. Tous les moyens sont bons pour vous faire acheter des choses sans valeur, comme des formations sur comment gagner de l’argent (comble de l’ironie). Pour quelques centaines d’euros dépensés au départ, vous en toucheriez des milliers. Mais que nenni, il n’y a rien derrière l’écran de fumée, à part le regret d’avoir jeté des billets par la fenêtre. Donner c’est donner, reprendre c’est voler, pas vrai ? En conclusion, avec ce genre de montage, on ne grimpe jamais vraiment. Au mieux on bénéficie de l’argent d’autres gens un brin plus malheureux que soi, au pire on reste au pied de l’édifice à attendre que son don fructifie comme par magie. Dans les deux cas, on aurait plutôt dû en voir de vraies, des pyramides.
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Commentaires 2
Du côté de Bourgueil ils connaissent bien!
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, a déclaré un homme politique qui était ministre et influent dans son parti, originaire de Corse
De la Fontaine et son renard ont fait des adeptes