Comme tout un chacun, il m’arrive de penser fort, voire excessivement, à quelqu’un, quelque chose, sans raisons majeures, au tempo d’un légère musique obsessionnelle. Une rengaine inexpliquée, insidieusement orchestrée par une foultitude de faisceaux convergents qui ramènent inexorablement à l’objet, le sujet en question qui, soudain, s’offre à vous. Contre toute attente, vous entendez cette vieille chanson que vous fredonniez, ou croisez le regard de celui qui hantait vos pensées. Pur hasard ou simple coïncidence, l’inexplicable vous interpelle dans cet instant de synchronicité. Et cette semaine, dans les débats récurrents de notre actualité, m’est apparu celui que je pensais perdu dans les méandres d’une tâche trop lourde sous laquelle nombre de ses prédécesseurs avaient déjà ployé. Comme d’autres avant lui, par conviction, par opportunité ou de guerre lasse, il avait dit oui et embarqué vers le sérail du pouvoir, à soixante lieues des douceurs de sa terre d’élection. Il voulait voir Paris et il voyait Paris et les ors de l’Elysée pour le conseil de classe du mercredi matin patronné par le Président. «Cette mission, à condition que vous l’acceptiez, consiste à conduire et assumer la priorité du quinquennat. Comme toujours, si l’un de vos Dircab ou conseiller spécial était capturé ou tué (à la tâche), le département d’État nierait avoir eu connaissance de vos agissements». Qu’allait-il donc faire dans cette galère investi d’une mission impossible sur laquelle tant de héros glorieux et rompus s’étaient cassé les dents.
Guêpier
Notre brave, ainsi paré, devait en premier lieu faire oublier son appétence contestée pour la matière appréhendée. Son passé, en effet, n’engageait guère d’optimisme pour les plus convaincus de l’urgence à braver, sans concession, le défi proposé. Absent du devant de la scène malgré l’opulence du sujet en cet été 2022 marqué par la sécheresse, la canicule et les incendies, il sortit enfin de sa réserve pour justifier son retrait. «Je ne crois pas à la précipitation ou à l’agitation, je crois à la concertation», avait-il expliqué avant de replonger dans un tunnel de silence rompu ces jours derniers par l’annonce d’une nouvelle sécheresse, d’hiver cette fois. Alors, que faut-il penser du rayonnement d’un grand commis d’Etat dont les sorties médiatiques suivent le cours du temps, au doigt mouillé des vents porteurs de catastrophes annoncées. «L’écologie, c’est le combat du siècle», avait proclamé solennellement Emmanuel Macron qui s’est armé d’un ministre étalonné sur une ambition politique sourde, antinomique avec la transition exigée. Depuis 20 ans, de fortes personnalités se sont embourbées dans le guêpier de ce ministère. Borloo, Kosciusko-Morizet, Batho, Royale et Hulot ont abdiqué, résignés, terrassés par le manque de moyens, les renoncements, la pression des lobbys, les exigences du marché. Sans sursaut, notre héros se laissera donc bercer par le sac et le ressac de la médiocrité ambiante qui érode les capacités d’actions gouvernementales. Chaque jour nous le rappelle, notre Terre va de mal en pis. Chaque jour nous attendons un signe, le réveil de celui qui portera l’espoir d’une heureuse coïncidence entre paroles et actes. Chaque jour je pense à lui et, enfin je l’ai vu, cette semaine, nous dire en plein écran qu’il n’a pas plu depuis longtemps. Alléluia ! Béchu est de retour.
Georges Chabrier
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Commentaires 7
Bof, de tout ces ex ministres, peut-être que Hulot et Batho étaient les seuls à avoir un peu d’ambition. Les autres ne sont qu’opportunisme, passant d’un ministère à l’autre sans plus de talent pour l’un que pour l’autre. Béchu, malheureusement, ne fera que ce qu’on lui demande et, comme les autres, ne laissera aucune trace. A vous de vous bouger pour sauver votre planète, citoyens, n’attendez pas les politocards carriéristes!
J’aime beaucoup le « ministre dont on avait presque oublié l’existence ». Une autre phrase n’est pas sans importance : « Borloo, Kosciusko-Morizet, Batho, Royale et Hulot ont abdiqué, résignés, terrassés par le manque de moyens, les renoncements, la pression des lobbys ». Les lobbys (ou lobbies ?) ne sont qu’une forme légale de corruption : comment une démocratie (demos, le peuple) peut-elle accepter une telle ingérence du privé dans les affaires de l’État ?
Pourquoi une seule personne devrait prendre des décisions lorsque la proctection de la planète devrait-être des actions individuelles de respect de la nature, faudrait-il pas passer par l’éducation de l’humain?
Derrière le mot lobbies il n’y a que confusion. Les syndicats sont tous des lobbies c’est à dire des organismes qui regroupent des personnes morales ou physiques qui défendent un point de vue, une activité ou même un territoire
Ministère souvent militant mentalité assiégée. Services sans dialogue sauf Voynet virée par ses militants, et EELV a les mêmes problèmes
Dommage
Partis politiques, syndicats sont des groupes de représentation nécessaires au dialogue et au débat démocratique sinon sans eux, il ne reste que « les gilets jaunes » et l’anarchie. Les lobbies, sont une ingérence qui gangrène les institutions. Ils n’agissent pas de façon transparente. Ils soudoient, usent de rapports biaisés, de faux sondages ex: Monsanto, les lobbies des armes du tabac de l’alcool … Ils affaiblissent la démocratie.
gouverner c’est prévoir! seulement avec l’équipe de bras cassés qui nous gouverne ,çà craint!!!
Faire peur au peuple pour qu’il se recroqueville, çà marche à tous les coups;L’Arabie Saoudite, pays désertique ,elle ne pleure pas!!elle creuse!!et même très profond et elle trouve les nappes d’eau