De ces géants de 56 tonnes d’acier lancés en 1942 sur les champs de bataille par le IIIe Reich, il ne reste aujourd’hui que 6 engins complets. Celui du musée des Blindés de Saumur est le seul à conserver encore toutes ses pièces d’origine. La réputation terrible du Tigre l’a consacré comme le char mythique de la Seconde Guerre mondiale, mais tout engin a ses faiblesses… Déployé par les Allemands durant la bataille de Normandie, ce Tigre tombe en panne, est abandonné par son équipage allemand en 1944, puis récupéré et réparé par des résistants français et enfin engagé dans les combats pour la libération de la France. Intégré à l’armée française en occupation en Allemagne, il fut ensuite versé dans une section d’études techniques, puis a rejoint la collection du musée des Blindés de Saumur dont il est une pièce maîtresse. À la veille des commémorations des 80 ans de la Libération, le musée souhaite remettre en état ce char Tigre pour des expositions dynamiques, ce qui implique la remise en marche du véhicule avec sa motorisation d’origine et la remise en peinture extérieure dans les couleurs historiques du véhicule. Un projet d’envergure dont le public pourra profiter grâce à l’exposition évolutive « Le Tigre à coeur ouvert ».
Le projet
Les évènements organisés en 2014 pour les 70 ans de la Libération avaient suscité un réel engouement dans la population française et particulièrement chez les jeunes. Les futures commémorations de 2024 ou 2025 seront autant d’occasions d’accueillir les passionnés mais aussi d’expliquer et illustrer auprès de tous les publics les grandes batailles menées par les Alliés. Lors de ces évènements, les démonstrations du Tigre I en mouvement permettront aux différents spectateurs de saisir le défi tactique que représentait pour les Alliés un tel concentré de puissance d’acier et de feu. Pour ce faire l’Association des amis du musée des Blindés et de la Cavalerie de Saumur s’engagent dans la restauration du Tigre I, roulant avec sa motorisation d’origine, dans sa livrée Besnier du défilé de Saint-Nazaire, extérieur entièrement repeint et équipé, intérieur conservé dans l’état actuel, nettoyé et stabilisé. L’objectif est de présenter un char composé au maximum de ses pièces d’origine. Le coût de cette restauration est évalué à 220 000 €. L’apport de l’Association des amis du musée des Blindés et de la Cavalerie devra être complété par des dons : une campagne de levée de fonds est lancée sur la plateforme française de crowdfunding www.ulule.com. Tous les dons feront l’objet d’un reçu fiscal, et des contreparties seront proposées aux généreux donateurs. Tous les passionnés de char, de cette période historique et/ou de patrimoine sont invités à soutenir cette restauration !
L’exposition évolutive
Le musée des Blindés engage une campagne de restauration de près de deux ans. Le moteur du Tigre I est confié à une entreprise spécialisée, tout le reste du char sera restauré par les ateliers du musée. Afin de permettre aux visiteurs de suivre cette restauration historique, certaines parties du char seront exposées au fur et à mesure de leur traitement ! Un espace protégé accueille les pièces détachées du Tigre pour son « opération à coeur ouvert ». Les réseaux sociaux du musée relaieront régulièrement l’avancement des différents travaux.
Un peu d’histoire : Le char Tigre
Imaginés dès 1937, les premiers chars sd.kfz 181 sont envoyés au front en 1942 pour se battre dans le secteur de Leningrad, où en 1943, il effectue son baptême du feu et reçoit son nom de TIGRE. Très avancé techniquement, armé d’un puissant canon de 88 mm, le char Tigre I est également doté d’un important blindage (entre 80 et 100 mm d’épaisseur) le protégeant contre la grande majorité des armes antichars de l’époque. Sur les champs de bataille, il domine très largement le Sherman américain ainsi que ses équivalents britanniques et soviétiques. Submergés par les Alliées lors du débarquement en Normandie, les 45 chars Tigre alignés par les Allemands ne suffisent pas. Mais certaines actions, comme celles menées par Michael Wittmann sur son Tigre I, parachèvent la réputation de ce char, considéré comme l’un des meilleurs engins blindés de toute la Seconde Guerre mondiale.
Zoom sur le char Tigre du musée des Blindés
Le Tigre du musée est engagé en Normandie à partir du 7 juillet 1944. Il combat les Anglais dans les secteurs de Vire puis de Falaise et de Vimoutiers. Dans la nuit du 19 au 20 août, le Tigre essaye de forcer l’encerclement dans lequel se trouve les forces allemandes. C’est un échec. L’équipage est capturé et le char abandonné. Le lieutenant de cavalerie Guy Besnier des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), du premier Groupe de reconnaissance mobile (1er GMR), récupère le Tigre début 1945. Avec 14 autres chars abandonnés par les Allemands, le Tigre est remis en état de marche par les mécaniciens du 1er GMR et l’ensemble constitue un escadron complet. Baptisé « Bretagne », le char Tigre peut désormais servir la France. Début mars 1945, fort de ses nouveaux blindés, le 1er GMR devient l’escadron autonome de chars Besnier. Cet escadron participe avec efficacité à la réduction de la poche de Saint-Nazaire, aux côtés des autres unités d’infanterie et d’artillerie, toutes issues des FFI. Le 8 juin 1945, l’escadron est affecté au 6ème régiment de cuirassiers, en partance pour prendre garnison en Allemagne, le Tigre est rebaptisé à cette occasion « Colmar ». Le Tigre termine sa carrière militaire dans les années 1950, en réalisant des évaluations techniques à Satory. En 1968, il est versé à la collection du musée des Blindés de Saumur sans jamais avoir subi de reconstruction ou de réfection profonde, ce qui fait de lui le char Tigre le plus authentique connu au monde.
Infos pratiques : L’exposition évolutive est à voir aux horaires d’ouverture du Musée. L’inauguration aura lieu le 10 février prochain – Plus d’infos : https://www.museedesblindes.fr/
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Commentaires 2
Question : pourquoi a-t-on choisi « ulule » plutot que la Fondation du Patrimoine dont une telle restauration est parfaitement l’objet social ?
220 000 € ça fait des sous en 2023 je croyais que c’était la crise. On pourrait les mettre dans l’isolation du musée non?