Elles sont discrètes, agiles et constituent des alliées indispensables… ce sont les chauves-souris. Avec ses kilomètres de galeries souterraines, le coteau saumurois constitue une zone d’intérêt majeur pour la conservation de ces animaux. Il attire chaque année, plusieurs milliers d’individus. Bien que protégés au niveau européen et national, ces mammifères volants sont menacés d’extinction et particulièrement vulnérables en période d’hibernation. Les actions, mesures et suivis contribuent à leur sauvegarde. Pour apporter un éclairage sur les enjeux du coteau, l’importance de préserver ces espèces ainsi que sur les nouvelles données récemment découvertes, le Parc Naturel Régional Loire-Anjou-Touraine et la Ligue pour la Protection des Oiseaux Anjou ont organisé un point ce mardi 13 décembre afin de présenter les enjeux de la préservation de ces mammifères volants dans les troglodytes de Souzay-Champigny.
Le coteau saumurois : des cavités accueillantes, uniques en Europe
De Montsoreau à Saumur, le coteau est truffé de cavités troglodytiques et de souterrains profonds. Si certains font le bonheur des habitants, viticulteurs ou touristes, ils abritent aussi une faune remarquable et méconnue : les chauves-souris. Elles ont trouvé dans le saumurois, un lieu de vie idéal. « Les larges zones boisées alentours, la Loire toute proche et l’importante densité de cavités, en continu sur des dizaines de kilomètres, leur offrent des territoires de chasse propices et une grande diversité de sites d’hibernation et de reproduction. Le coteau saumurois constitue aujourd’hui une zone d’importance nationale, voire européenne pour la conservation de ces animaux. On y recense une vingtaine d’espèces, sur 36 présentes en France. Certaines cavités abritent même des centaines d’individus chaque hiver. D’autres accueillent des espèces extrêmement rares et menacées comme le très fragile Rhinolophe euryale, qui ne subsiste que ponctuellement dans la région » éclaire Bastien Martin, référent chauve-souris au PNR. L’utilisation de technologies innovantes, la mobilisation de naturalistes locaux et les témoignages de propriétaires volontaires ont permis l’acquisition de nouvelles données soulignant l’importance majeure du Val de Loire pour la conservation des chauves-souris. Récemment, de nouveaux comptages ont mis en lumière des comportements jusque-là méconnus : les experts savent désormais que certaines espèces comme les grands rhinolophes, sont capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour venir passer l’hiver ici.
Des alliées indispensables pourtant menacées
Ces petits mammifères surprenants, les seuls capables de voler, sont des alliés de choix pour lutter contre les insectes comme les moustiques, les mouches et certains ravageurs des cultures. « Une Pipistrelle commune de 5 grammes peut consommer jusqu’à 3 000 insectes par nuit ! Malgré leur apparente abondance, les chauves-souris sont en forte régression et de plus en plus menacées d’extinction. Lorsque la température baisse, elles trouvent refuge en majorité dans les cavités du coteau. En cette période d’hibernation particulièrement sensible pendant laquelle elles doivent économiser leur énergie, les dérangements répétés ou la fermeture de l’accès à leur gîte peuvent leur être fatal. D’autres causes comme l’utilisation de pesticides, la modification de leur habitat, la pollution lumineuse… entraînent également leur disparition », indique Benjamin Même-Lafond, chargé de mission LPO en charge des chauves-souris. Une bonne cohabitation de tous et le changement de certaines habitudes sont donc plus que nécessaires pour sauvegarder ce patrimoine naturel unique.
Des mesures réglementaires et des actions conjointes
Dans le cadre d’un plan national d’action, le Parc Loire-Anjou-Touraine et la LPO Anjou travaillent depuis 2009 à la protection de ces espèces fragiles. Ces actions bénéficient du soutien financier des deux régions (Pays de la Loire et Centre Val de Loire) et des deux départements (Maine-et-Loire et Indre-et-Loire), fait unique sur le territoire pour une action de préservation. « Grâce à un travail collectif d’inventaire et de conventionnement avec les propriétaires de cavités, de nombreux gîtes ont pu être protégés, parfois une protection physique (grille, portail, clôture) ou un réaménagement. Plus récemment, l’extension du périmètre Natura 2000 du site « Vallée de la Loire des Ponts-de-Cé à Montsoreau » a permis d’intégrer le coteau calcaire du saumurois en raison de son importance pour la conservation des chauves-souris », poursuit Bastien Martin. L’ensemble de ces mesures permet de mieux prendre en compte ces habitats et espèces d’intérêt communautaire, mais également de mobiliser des moyens humains et financiers, pour accompagner les propriétaires et les gestionnaires.
Des actions locales conjointes
Dans le cadre du plan national d’actions, le PNR et la LPO Anjou travaillent ensemble depuis 2009 à la protection de ces espèces fragiles. Ainsi les deux structures assurent :
– Le comptage des principaux gites de reproduction durant l’été et d’hibernation en hiver.
– L’accompagnement des propriétaires de gites : conseil sut la conservation des chiroptères tout au long de l’année selon les besoins et suivi.
– La protection des principaux gîtes : par le conventionnement entre la LPO, le PNR et le propriétaire ou par une protection physique (grilles-grillages, aménagements…).
– l’accompagnement et conseil aux porteurs de projets publics et privés et le suivi concernant tous projets d’urbanisme et d’aménagement du territoire pouvant impacter la conservation des chauves-souris.
A noter que sur le territoire du Parc, ce sont 36 gîtes qui sont conventionnés, 15 en Touraine 21 en Anjou. Parmi eux, 15 ont fait l’objet d’aménagements.
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