Surprise à la barre du tribunal ce mercredi 30 novembre dans le cadre du long procès qui se tient tout au long de cette semaine. Ce mercredi matin, un événement est venu ajouter du mouvement à ce procès parfois long et qui n’apporte pas toujours de réelles avancées sur le fond du dossier durant les auditions. En effet, l’une des personnes qui auraient été « recrutées » et « exploitées » par un couple de prévenus comparaissant dans le cadre de cette affaire de traite des êtres humains s’est présentée à la barre pour apporter son témoignage. Effrayé et assurant avoir reçu de nombreuses menacent de mort, l’homme demande devant le tribunal à recevoir une protection. « Aujourd’hui, je suis papa et en couple. J’ai peur pour ma famille. Je préfère crever seul plutôt qu’il arrive quoi que ce soit à ma famille », explique-t-il, des trémolos dans la voix. Il indique également « changer de ville toutes les deux semaines aujourd’hui pour éviter les représailles. Je suis même allé jusqu’à la frontière italienne pour quitter le pays s’il le fallait. Je reçois régulièrement des menaces de mort et un des membres de la famille me téléphone pour m’avertir et m’alerter. » Et d’ajouter : « C’est à moi que l’on a demandé de faire le sale boulot et dévoiler tout ce que la famille a fait parce les autres n’ont pas eu le courage de le faire. »
Plus de 20 000 euros de manche en 7 mois
Aujourd’hui âgé de 23 ans (les faits se sont déroulés entre 2019 et début 2020), il explique : « C’est un ami qui m’a fait connaître le prévenu. Je voulais travailler dans les espaces verts depuis longtemps et on m’avait proposé ici un contrat de travail dans ce domaine. Les premiers jours, tout était beau et tout était rose, on apprenait à se connaitre. Mais le troisième jour, je me suis retrouvé à faire la manche puis à vendre des calendriers en porte-à-porte (relire notre article sur le sujet). Je lui ai toujours dit que normalement ce ne sont pas les employés qui rémunèrent le patron, mais bien l’inverse. » En effet, lors des journées où il faisait la manche, il explique qu’il pouvait récolter « 3 à 4 sacs cabas de nourriture et 70 à 200 euros par jour, jusqu’à 500 euros par jour en fin d’année à l’approche des fêtes. » Il estime que sur la période de 7 mois où il a été auprès du couple, il aurait rapporté 20 à 25 000 euros. Il a également été amené à aller vendre des calendriers au domicile des personnes âgées pour le compte de ces recruteurs. « Au début, je me présentais comme SDF et je vendais des calendriers pour éviter d’avoir à faire la manche. Puis, quand j’ai vu que cela ne marchait pas vraiment, j’ai dit que j’étais un jeune père célibataire et que je vendais des calendriers pour nourrir mes enfants, alors que cela n’était pas vrai à l’époque. J’utilisais la peine pour gagner plus. »
Des combats de « commis »
Plus troublant encore, il évoque avoir été contraint de faire des combats contre d’autres commis « à trois reprises et notamment contre mon propre cousin ». Ces combats étaient filmés et il assure que « des paris étaient faits sur les commis. C’était jusqu’à ce que l’autre abandonne. Si on perdait le combat, on se faisait en plus massacrer derrière. » Comme pour tous les autres « commis » dans cette affaire, il était logé dans un camion avec un matelas une personne. Les premières semaines, ils étaient deux à dormir dans le camion, mais l’autre est ensuite parti. Au début il n’avait pas de chauffage puis cet équipement lui a été installé. Pour aller aux toilettes, « c’était dehors », comme pour la douche : « j’avais une bassine ».
« Je les considérais comme ma famille »
Tout cela il assure le faire pour « se faire bien voir », par la famille qu’il considérait « comme la mienne ». Lors de son audition devant les gendarmes, il a témoigné qu’il était « déçu, car cette famille je l’aimais bien malgré tout. Il m’appelait frère devant tout le monde alors je me considérais comme tel. Mais lorsque j’ai entendu les notes vocales et que j’ai vu que l’on traitait de commis, j’ai été très déçu et triste. C’est mon monde qui s’effondrait autour de moi. En y repensant aujourd’hui avec le recul, je pense m’être fait exploiter. J’ai vraiment compris que c’était de l’esclavage. » Par ailleurs, il indique avoir eu « peur de partir, peur des représailles, du prévenu et de ses frères, mais aussi de décevoir. » Cet épisode de sa vie a laissé de profondes traces puisqu’aujourd’hui, il est reconnu comme étant schizophrène. Pour le prévenu interrogé à la suite de cette intervention, il assure « ne pas l’avoir recruté pour faire la manche, ne jamais avoir été violent ou menacé. S’il voulait partir, il était tout à fait libre de le faire. » Et enfin de reconnaitre « le courage d’être venu témoigner ce jour ».
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Commentaires 3
Il faut les noms de ces esclavagistes
Sur un quotidien il a ete nommé un Roger Delorme et sa compagne
Certain étaient a une époque vidangeur de chiotte…
Ceux la on dut etre recruté dans les chiottes
Il doivent etre condamnés lourdement
Pour leut menaces de mort assez courrant dans lz milieu
Rien ne sert de commenter, la famille des voyageurs est immense et soudée …. les condamnations ils ne les craignent pas …… l’argent y’en a, la solidarité est plus forte que celle des citoyens Français , la justice passera….. mais la leure ??
Je me rappelle d’une histoire similaire, mais moins grave.Ben, ils avaient écopaient de 18 ans de prison sans possibilité de sortie.