La France connaît, depuis mi-octobre, un épisode de chaleur tardif exceptionnel qui se prolonge jusqu’à la fin du mois. Les températures sont partout en France supérieures de 4 à 5 °C aux normales de saison et atteignent des niveaux dignes d’une fin d’été. Des records mensuels de chaleur ont été battus un peu partout, notamment dans le sud. Ce jeudi dans le Maine-et-Loire, il fait pratiquement 10 degrés de plus que les normales de saison. Cet épisode de chaleur est aussi significatif la nuit, avec des nuits dites « tropicales » observées cette fin octobre sur le sud du pays. Plusieurs records de températures minimales ont été enregistrés. Cet épisode concerne l’ensemble du pays. L’indicateur thermique national (c’est-à-dire la température moyenne enregistrée dans 30 stations météo réparties sur l’ensemble du territoire) est au-dessus de 17,5 °C depuis le 15 octobre. C’est totalement inédit. Et cette série exceptionnelle n’est pas terminée, elle devrait durer encore jusqu’à la fin du mois. Les températures ont été supérieures aux normales de saison depuis le 2 octobre 2022 comme le montre ce graphique.
Comment l’expliquer ?
Une vaste zone dépressionnaire s’étend sur le proche Atlantique. Dans le flux de sud-ouest à l’avant, de l’air très doux, en provenance des Canaries et de la péninsule Ibérique, remonte depuis ce week-end sur une grande partie du pays. L’isolement en goutte froide de la dépression atlantique favorise d’autres poussées chaudes pour cette semaine.
À quoi s’attendre ces prochains jours ?
Une masse d’air extrêmement douce pour la saison remonte en cette fin de semaine sur la France et ces températures inédites vont encore monter de quelques degrés entre jeudi et samedi. Les températures atteindront généralement 24 à 27 °C entre les Charentes, le Centre-Val de Loire, jusqu’au Lyonnais, voire plus sur le nord de l’Auvergne, où on pourrait atteindre les 30 °C vendredi. On attend 20 à 25 °C degrés ailleurs. Seul le Finistère, sous un ciel plus gris restera sous la barre des 20 °C. Ces températures remarquables devraient commencer à fléchir dimanche, grâce à un temps plus perturbé sur l’ouest, tout en restant encore au-dessus (de 3 à 4 degrés) des températures moyennes de l’automne. À l’échelle du pays, on connaîtra très probablement la journée la plus chaude lors d’une troisième décade d’octobre. Le précédent record de l’indicateur de température moyenne de 18,9°C le 26/10/2006 a déjà été battu ce 23 octobre et devrait être encore amélioré ces prochains jours. Les minimales vont marquer une nette hausse vendredi, et on devrait battre des records de douceur nocturne dans plusieurs stations.
A-t-on connu des épisodes similaires par le passé ?
Des pics de douceur, voire de chaleur exceptionnelle, peuvent se produire fin octobre et y compris jusqu’à la mi-novembre. Par exemple, un pic de chaleur exceptionnelle avait concerné la France du 6 au 9 novembre 2015 avec des températures atteignant, le 8 novembre dans le Sud-Ouest, 27,8 °C à Biarritz ou 26,7 °C à Bordeaux, mais aussi 26,2 °C à Vichy ou 24 °C à Colmar le 7. Plusieurs épisodes de grande douceur ont eu lieu durant la dernière décade d’octobre. On peut citer par exemple : jusqu’à 26,4 °C le 31 octobre 2014 en moyenne sur l’Aquitaine ; jusqu’à 26,1 °C le 26 octobre 2017 en moyenne sur Midi-Pyrénées. Il s’agit cependant souvent de pics de douceur assez courts. L’épisode de chaleur en cours depuis le 15 octobre 2022 est inédit par sa durée à l’échelle du pays. Il vient achever un mois d’octobre dans les plus chauds jamais mesurés en France.
Quel lien avec le changement climatique ?
Cet épisode s’inscrit dans un contexte de changement climatique visible. Les vagues de chaleur, en plus d’être plus fréquentes et plus intenses, deviennent plus précoces et plus tardives, à l’instar de celle que nous observons.
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés