Thouars a pris naissance sur un promontoire rocheux dans un méandre du Thouet. Ce site naturel était propice à la défense. Un camp militaire gallo-romain y était présent. En 762, Pépin le Bref incendie le château de bois à motte castrale. Au XIIe siècle, le château est constitué d’un donjon et d’une muraille. Au XVIe siècle, les vicomtes décident de construire un vaste château. La chapelle collégiale est construite entre 1499 et 1520. Le château est lui reconstruit de 1628 à 1660. Entre 1690 et 1708, une vaste orangerie, des jardins et de nouvelles écuries complètent la demeure des Ducs de La Trémoïlle.
Le château
A partir de 1635, Marie de la Tour d’Auvergne, duchesse de la Trémoïlle fait raser le vieux château. L’ensemble est l’œuvre de Jacques Lemercier, architecte de Louis XIII. La façade de 110 mètres est précédée d’une cour d’honneur, entourée d’une galerie à portique. Abritant un mobilier fastueux, le château est le théâtre de fêtes somptueuses. Sous Louis XIV, les La Trémoïlle résident à Paris et délaissent le château. À la Révolution le château est pillé et devient bien national puis sert de caserne. La Ville de Thouars achète le château et ses dépendances en 1833. De 1854 à 1869, le château est loué et devient collège privé Saint-Louis. L’État utilise ensuite le château en tant que prison de 1872 à 1925. La Ville de Thouars y implante un collège public en 1931, nommé collège Marie de la Tour d’Auvergne depuis 1979. Restauré dans les années 1990, le château est ouvert à la visite de mai à septembre.
La chapelle collégiale
Cette chapelle collégiale du 16e siècle marque la transition entre la période gothique et la renaissance. La construction débute en 1499. La chapelle est construite à l’emplacement de la muraille de ville, à une cinquantaine de mètres du château médiéval. Érigée en collégiale en 1515, elle fut épargnée pendant les guerres de religion. Cet édifice allie le gothique flamboyant et l’influence de la première Renaissance. Plusieurs architectes se succèdent dont André Amy, Jean Chahureau et Pierre de Lapostolle maître verrier. La façade occidentale possède dans sa partie supérieure une loggia, cette galerie est unique en France. L’intérieur se compose de trois nefs de cinq travées à chevet plat et sans transept. Son mobilier est vendu aux enchères après la Révolution. L’édifice est sauvé de la destruction et classé au titre des Monuments Historiques en 1840 par Mérimée. En 1873, La Ville de Thouars vend la chapelle à la famille des La Trémoïlle. Sa restauration débute 5 ans plus tard. Actuellement, la chapelle est au culte et est desservie par la fraternité Saint-Pie X. La Chapelle peut se visiter lors des visites guidées organisées par le Service de l’Architecture et des Patrimoines.
L’orangerie
L’orangerie du château a été construite à la fin du 17e siècle sur les volontés du duc de Thouars Charles-Belgique-Hollande de La Trémoïlle. Elle fut conçue par les architectes Jules Hardouin Mansart et Jacques V Gabriel à la même époque que l’orangerie du château de Versailles. Dès le 18e siècle les jardins furent aménagés sur la terrasse entre le château et l’orangerie. L’esplanade accueillait des orangers en caisse. A la Révolution cet édifice fut utilisé comme gymnase de la caserne du château. A partir de 1872, l’orangerie fut transformée en ateliers pour faire travailler des prisonniers. Puis en usine de pièces d’aviation de 1939 à 1968. Ses façades extérieures ont été restaurées dans les années 1970 et 1980. L’escalier ouest de l’orangerie abrite une association de joueurs de cors de chasse «Les Echos du Thouet». L’orangerie est utilisée depuis 1975 comme lieu d’expositions et de manifestations privées.
Les écuries
En 1707, le duc Charles-Belgique-Hollande de La Trémoïlle fait appel à l’architecte Robert de Cotte, élève de Jules-Hardouin Mansart, pour aménager les écuries au nord du château. L’ensemble devait former un U : un bâtiment central et deux ailes. À la mort du duc en 1709, seule l’aile orientale est construite. Après 1789, le bâtiment est utilisé successivement comme atelier puis école publique de jeunes filles, caserne, ateliers techniques, locaux associatifs… Un incendie en 1987 détruit totalement la charpente d’origine, la restauration de l’édifice a lieu en 1988. Il abrite depuis 1998 plusieurs structures culturelles : l’École Municipale d’Arts Plastiques et le Centre Régional « Résistance & Liberté ».
Marie de la Tour d’Auvergne
Petite-fille de Guillaume Ier d’Orange dit le Taciturne, fille de Henry de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne et d’Elisabeth de Nassau, Marie de La Tour d’Auvergne est née à Turenne en 1601. En 1619, elle épouse son cousin, Henri de La Trémoïlle, duc de Thouars et pair de France. Malgré la conversion de son mari au catholicisme en 1628, elle reste fidèle à la religion réformée et assume le rôle de protectrice des communautés huguenotes de Poitou et de haute Bretagne. Pendant toute sa vie, elle fait preuve d’une force de caractère qui parfois dérange. Figure éminente du protestantisme en plein milieu du XVIIe siècle, elle a souvent été surnommée «la papesse des huguenots». Dès les années 1625-1628, elle souhaite rénover le château médiéval de Vitré et reconstruire celui de Thouars, travaux qui commencent en 1638 d’après les plans de l’architecte Jacques Lemercier (1585-1654). Lemercier, entreprend à la même époque la construction du château de Richelieu. Il est également reconnu pour ses travaux au Louvre ou pour la chapelle de la Sorbonne à Paris. Du site du château médiéval, seule la collégiale est conservée. Le reste du site est détruit au fur et à mesure de la construction, les matériaux étant réemployés. Le gros œuvre est achevé en 1645. Vers 1662, la santé de Marie de La Tour se dégrade, mais elle refuse de se convertir en dépit des pressions de la reine mère. À sa mort le dimanche 24 mai 1665, son corps est porté dans la chapelle ducale de Thouars sans aucune cérémonie. Le château de Thouars, actuel collège public « Marie de la Tour d’Auvergne », témoigne de sa volonté et de son ambition. Le site est d’ailleurs labellisé « Maison des Illustres » depuis 2013 en son honneur.
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