Saumur. Le syndicat USGP-FO alerte sur les manques d’effectifs et l’organisation de la police

Le syndicat de police USGP-FO de Maine-et-Loire alerte sur plusieurs difficultés rencontrées au quotidien par les agents des forces de l'ordre. Il regrette que les effectifs n'évoluent pas tandis que toujours plus de nouvelles prérogatives sont demandées aux personnels.

« La question des effectifs est un problème rencontré depuis longtemps maintenant. Depuis plusieurs années les effectifs n’ont pas bougé alors que la police et ses prérogatives ont évolué. Nous devons gérer de plus en plus de problématiques et des questions judiciaires avec la lutte contre les violences intrafamiliales, le harcèlement scolaire, la lutte contre le trafic de stupéfiants… Si nos missions augmentent, on doit augmenter les effectifs en proportion », résume la secrétaire départementale du syndicat Aurélie Brangbour. Et le secrétaire adjoint, Benoit Renault d’ajouter : « Lorsqu’une entreprise évolue, progresse, elle embauche. Cela devrait être la même logique avec la police nationale ». La Cour des comptes a récemment épinglé la police nationale, notamment en Maine-et-Loire, reprochant une augmentation de 20% de la masse salariale en 11 ans. « Mais cela ne représente aucunement une augmentation des effectifs. En Saumurois par exemple la moyenne d’âge est assez élevée entre 45 et 50 ans. Un policier plus âgé est payé plus cher. Cela ajouté au fait qu’il y ait eu des augmentations avec le statut de travailleur de nuit. Il ne faut donc pas comparer masse salariale et effectifs », précise la secrétaire départementale.

Assurer la sécurité des citoyens et des policiers

Ils dénoncent le fait qu’aujourd’hui « il est parfois difficile de mettre une patrouille dans les rues, ou du moins pas sans désorganiser les services, particulièrement en cette période de crise sanitaire où de nombreux collègues sont absents, et non remplacés. Il y a en règle générale un taux d’arrêt de travail qui représente 10% des effectifs. Comment assurer une patrouille à Saumur lorsqu’il n’y a que trois personnes au commissariat et deux personnes à surveiller en garde à vue ? Comment assurer la sécurité de celui qui reste si les deux autres partent en patrouille ? Une patrouille qui partira sans possibilité de soutien qui plus est. Ou alors il faudra faire des choix et demander à la population de choisir et de comprendre que les policiers ne se dépasseront plus lorsqu’un mari se montrera violent, lorsqu’une personne se fera agressé à la sortie du restaurant, que les vendeurs de drogues circulent en toute impunité ou que quelqu’un soit ennuyé par les nuisances d’un de ses voisins et nous traiterons uniquement les grosses affaires », se questionne Benoit Renault et s’inquiète de voir ce service public perdre en sécurité et en qualité si les choses continuaient ainsi. À Saumur, la police compte 68 personnes, dont 34 sur la voie publique. En prenant en compte les absences régulières, les roulements… il n’est pas toujours aisé de trouver une organisation favorable.

« Remettre des bleus dans la rue »

Au-delà de ces problèmes d’effectif, ce sont des déclarations récentes du président de la République et du ministre de l’Intérieur qui ont fait réagir le syndicat. Emmanuel Macron avait déclaré vouloir « remettre des bleus dans la rue », autrement dit augmenter les policiers présents sur le terrain. Pour ce faire, le ministre Gérald Darmanin avait proposé de faire évoluer le cycle de travail des policiers en passant de services de 8h à 12h. « Nous nous sommes battus durant 5 ans pour faire reconnaitre le statut de travailleur de nuit dans la police. Statut que nous avons obtenu en 2020. Cela était une belle avancée. En effet, travailler de nuit est reconnu comme particulièrement impactant sur la santé, mais aussi sur la plan social et vie de famille. Nous avions donc obtenu un suivi médical régulier, des indemnités… là on vient démonter complètement ces avancées avec une vision dogmatique parisienne où l’objectif premier est de faire des économies », précise Aurélie Brangbour. Elle ajoute : « On nous a promis 10 000 personnes supplémentaires dans les forces de l’ordre, 2000 en gendarmerie et 8 000 en police, mais cela est faux puisque les départs n’ont pas été remplacés. Il faudra la compensation des départs, plus 10 000 personnes. »

Des journées particulièrement difficiles

Pourtant, les professionnels sur le terrain ne s’imaginent pas avoir à travailler durant 12h d’affilé, notamment de nuit, comme l’explique Hélène Morgand, secrétaire locale de l’USGP-FO et policière à Saumur. « J’ai travaillé durant plusieurs années de nuit. Nous faisons actuellement des amplitudes de 8h et à la fin de la journée nous sommes déjà très fatigués. Avec des services de 12h, les collègues vont être complètement à plat et tomber. À ce moment-là, il ne sera même plus possible d’imaginer une vie de famille et sociale, ils ne seront là que pour le travail, comme des robots. » D’autant que lors de cette période de 12h, il n’y a pas de repos possible : « Nous sommes constamment sollicités. Même lorsque nous ne sommes pas en intervention, nous devons patrouiller, faire de la prévention, avoir une présence qui dissuade et rassure. Il y a aussi une partie administrative importante. Par ailleurs, cela ne compte pas les heures supplémentaires. En effet si l’on est appelé une demi-heure avant la fin de service on va se déplacer quand même et déborder. Va-t-on faire travailler des policiers pendant 13h, 14h ? », témoigne-t-elle. « Il faut que les policiers restent calmes et lucides et pour cela ils ne doivent pas être épuisés. De telles conditions pourraient entrainer des drames », poursuivent Aurélie Brangbour et Benoit Renault. La mise en place des 12h, initialement prévue pour ce mois de janvier a finalement été repoussée à une possible mise en place en juin, autrement dit après les élections présidentielles.

Des effectifs pensés de manière locale

Le syndicat propose, et souhaite, donc de « repartir de la base pour définir le nombre d’effectifs nécessaire. » « Tout est décidé à l’échelle nationale où l’on applique des grilles simplement en fonction du nombre d’habitants en gardant à l’esprit l’idée d’économies d’argent. Or, on ne peut décider cela que localement grâce à une consultation des acteurs locaux qui connaissent la situation et la réalité du terrain. Les situations ne sont pas les mêmes dans chaque circonscription, cela dépend de la population présente, de la présence ou non d’un tribunal, de la présence d’une grande équipe de football et d’un stade comme à Angers… chaque territoire a ses spécificités et ne présente pas les mêmes besoins. Il faut donc que localement des policiers, des groupements d’habitants et des élus se posent autour d’une table et discutent pour savoir combien il faudrait au minimum de policiers le jour, la nuit… Les seules bonnes solutions viendront d’en bas en réfléchissant de manière pragmatique et non dogmatique. »

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