Le cheval est une espèce homéotherme : il conserve une température corporelle constante, indépendamment du milieu extérieur. Lorsqu’il fait trop chaud, le cheval peut abaisser sa température de deux manières : la transpiration et la dilatation des vaisseaux sanguins sous la peau (on parle de vasodilatation périphérique). Ces deux mécanismes augmentent l’élimination de la chaleur vers le milieu extérieur. Quand ces mécanismes sont insuffisants pour faire baisser la température, par exemple lors d’un exercice intense associé à une forte chaleur extérieure, le coup de chaleur apparaît. La température corporelle, normalement comprise entre 37,5°C et 38,5°C, augmente et peut dépasser 41°C. Il en résulte des dysfonctionnements des organes internes (cœur, reins, cerveau…) : du fait de la vasodilatation périphérique, le sang s’accumule dans les vaisseaux de la peau et n’est plus disponible en quantité suffisante pour irriguer correctement ces organes vitaux. Le coup de chaleur est une urgence vitale : il peut aboutir à la mort du cheval.
Les facteurs extérieurs favorisants
Les trois conditions suivantes favorisent le coup de chaleur : température extérieure élevée, air très humide et aération insuffisante. Normalement, l’évaporation de la sueur à la surface du corps suffit à refroidir le cheval. Si l’air est trop humide, l’évaporation naturelle perd de son efficacité. En une heure, un cheval peut transpirer l’équivalent de 15 à 20 litres d’eau dans des conditions fraîches et sèches, et 30 litres lorsque le temps est chaud et humide. Seulement 25 à 30% de la sueur s’évapore, le reste coule le long de la peau. Si le cheval ne boit pas suffisamment, la transpiration excessive entraîne une perte importante en eau et en éléments minéraux (la sueur du cheval contient notamment beaucoup de sel), provoquant une déshydratation et un déséquilibre électrolytique. Même si le coup de chaleur fait le plus souvent suite à un exercice intense et/ou long, il peut également survenir chez le cheval au repos, notamment s’il est stationné dans des zones chaudes, mal ventilées (transport en van, box mal aéré (attention aux boxes démontables où il peut faire très chaud), attache au soleil…).
Quels sont les chevaux prédisposés ?
Les chevaux atteints d’anhydrose : il s’agit d’une maladie qui se traduit par une incapacité des glandes sudoripares du cheval à produire une quantité adéquate de sueur. Les chevaux en embonpoint : la graisse sous-cutanée diminue l’évacuation de la chaleur produite par les contractions musculaires. Les chevaux avec des poils très longs et/ou très épais (les chevaux atteints d’hirsutisme par exemple). Les chevaux peu ou pas entraînés soumis à un exercice physique ou un stress : leurs muscles sont peu vascularisés et ne se refroidissent pas suffisamment. Les chevaux transportés d’une région fraîche à une région plus chaude, pour participer à une randonnée ou une épreuve d’endurance par exemple, et dont l’organisme n’a pas le temps de s’habituer à la chaleur avant l’effort.
Comment reconnaître un coup de chaleur ?
Les signes cliniques précurseurs d’un coup de chaleur chez le cheval sont :
– Une augmentation persistante de la fréquence respiratoire, qui persiste malgré l’arrêt de l’exercice depuis 10 à 30 minutes, selon l’effort – la fréquence respiratoire normale d’un cheval étant comprise entre 20 et 40 mouvements par minute.
– Une augmentation de la température rectale (normalement comprise entre 37,5°C et 38,5°C). A partir de 40°C, le cheval est en danger.
– Une attitude anormale : le cheval semble fatigué et se désintéresse de son environnement, l’œil fixe et la tête basse, il est réticent à avancer.
– Des muqueuses des gencives sèches ou collantes.
– Une augmentation du temps de remplissage capillaire : en appuyant avec le doigt sur la gencive, la muqueuse devient blanche. Elle redevient normalement rose quand la pression est relâchée en 1 seconde. Si le délai est supérieur à 1 seconde, il y a une augmentation du temps de remplissage capillaire.
D’autres symptômes peuvent être observés : douleurs musculaires, signes de coliques, une diminution des bruits digestifs. Si aucun traitement n’est mis en place, les symptômes s’aggravent : la fréquence cardiaque augmente, les muqueuses sont congestionnées (rouges), le cheval titube, perd connaissance et s’écroule au sol. La mort peut alors survenir très rapidement.
Quel traitement ?
– Arrêter immédiatement le travail ;
– Amener le cheval à l’ombre dans un endroit frais et aéré (utilisation de ventilateurs par exemple) ;
– Le rafraîchir par tous les moyens à disposition, avec douche, bouteille ou linge humide. Arroser doucement avec de l’eau fraîche mais pas trop froide la tête, l’encolure, la poitrine et les membres. On insistera particulièrement sur la nuque où siègent les centres nerveux responsables de la régulation thermique. Faire toujours suivre la douche d’un essorage au couteau de chaleur pour ne pas que l’eau se réchauffe et réchauffe à nouveau l’organisme. En suivant cela, la température peut baisser de deux degrés en dix minutes.
– Lui donner à boire de l’eau non glacée. Un cheval de 500kg boit normalement 25 litres par jour, hors travail. Cette quantité peut tripler par temps chaud.
– Prendre la température régulièrement pour vérifier qu’elle baisse rapidement ;
– Si possible, masser le cheval doucement sur toutes les parties musculaires du corps pour faire circuler le sang vers les organes plus profonds.
Si le cheval ne récupère pas très rapidement avec ces quelques soins, le vétérinaire doit être appelé de toute urgence pour perfuser le cheval. Si le cheval refuse de boire spontanément, et après avoir soigneusement vérifié que le transit intestinal n’est pas arrêté, le vétérinaire pourra administrer un liquide réhydratant par une sonde naso-oesophagienne. Le rétablissement de l’ensemble des fonctions vitales peut prendre du temps : selon la gravité, le cheval doit être mis au repos de façon prolongée.
Que faire pour prévenir les coups de chaleur ?
En période de forte chaleur :
– Vérifier que de l’eau fraiche est disponible à volonté ;
– Abreuver régulièrement pendant le transport et entre les épreuves sportives ou lors de pauses en randonnée ;
– Mettre à disposition une pierre à sel et en cas de forte transpiration supplémenter avec des électrolytes ;
– Eviter le travail intensif et les transports aux heures les plus chaudes de la journée ;
– Veiller à procurer un abri ombragé et ventilé ;
– Tondre les chevaux à poils longs et épais ;
– Ne pas hésiter à doucher les chevaux qui transpirent ;
– Prévoir une période d’adaptation aux climats chauds de 2 ou 3 semaines avant de réaliser un exercice intense ;
– Donner des aliments rafraichissants : mâches, carottes, pommes… une ou deux fois par semaine.
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés