Le quartier est fortement marqué par la présence de l’église dont la date de construction est inconnue mais dont la première mention attestée est une donation de 988 par la comtesse d’Angoulême Aldegarde à Saint-Giraud d’Aurillac (Cantal). Dès le XIIe siècle, la place est occupée par un cimetière. Celui-ci cède sa place progressivement aux foires et marchés, festivités et exécutions publiques. Le cimetière est déplacé hors les murs dès le XVIIIe siècle.
Des souterrains remarquables
Les plus beaux souterrains de la cité se situent à proximité de l’église Saint-Médard. Les parties souterraines y sont nombreuses avec parfois trois niveaux successifs de caves. Des traces de vie restent souvent visibles. Ces souterrains ont été creusés pour plusieurs raisons. Les premiers carriers y trouvent le sable, les pierres à bâtir servant de moellons ou de pierres de remplissage, ou encore l’argile et tous les matériaux de construction. On peut classer ces parties souterraines en fonction de leurs anciennes utilisations :
– Des salles autrefois au rez-de-chaussée des rues sont aujourd’hui en souterrain.
– Les souterrains et rues de circulations, de « fuite ». On peut les trouver sous les grandes demeures, les sites religieux ou seigneuriaux.
– Des carrières réalisées pour construire un édifice et y extraire les matériaux sont creusées pour « asseoir » correctement, solidement et durablement sur une couche géologique stable.
– Les caves creusées pour conserver les aliments.
– Des puits (sur nappes phréatiques ou courants d’eau) et des cuves de récupération d’eaux pluviales.
Face au portail ouest de l’église, sous les commerces actuels, une cavité est voutée et présente ce type de décor sculpté datant environ du XIIIe siècle. Au nord ouest de la place, sous une boutique, on peut être surpris par cette salle aux voûtes gothiques de grande qualité. Est-ce une ancienne chapelle ou une simple salle d’un logis ? Une certitude, sa construction est contemporaine du cimetière installé sur la place. En 1998, plusieurs cavités placées sous le parvis et les commerces menaçaient de s’effondrer. La Ville a décidé de les faire combler avec un ciment dilué (composé de beaucoup d’eau et de sable) du fait de l’impératif de sécurité.
La place, le marché, les halles
Si la ville de Thouars rayonne par ses marchés Place Lavault, nous pouvons retrouver des traces de cette activité commerciale dès le Moyen-Age et ce à plusieurs endroits de la ville. C’est donc au nord de l’église et contre l’axe principal de traversée de Thouars, la rue du château et la rue Saint-Médard qu’un marché s’implante. A partir du 14ème siècle, de nombreux artisans et commerçants se regroupent autour de cette place et dans la rue du château et la rue des orfèvres ( actuelle rue Saint- Médard). Dès le 16ème siècle, une foire est organisée chaque vendredi. Tous les corps de métier s’y retrouvent, qu’ils soient artisans ou simples revendeurs. A la fin du 16ème siècle, le duc de La Trémoille est le seul à pouvoir autoriser l’établissement d’une boutique ou d’un étal sur cette place. Chaque commerce doit lui verser, chaque année, une somme d’un denier.
Les marchés sont à l’étroit sur cette place, ils doivent utiliser le peu d’espace disponible entre les boutiques entourant l’église Saint-Médard, le puits commun présent sur un des angles de la place tout en essayant de ne pas trop empiéter sur le cimetière de la paroisse Saint – Médard, présent jusqu’au 18ème siècle.
L’actuelle place Aristide Briand n’existe pas, elle est occupée par un vaste bâtiment servant de grenier à sel et de halle depuis au moins le 15ème siècle. A la Révolution, le grenier à sel ferme ses portes et laisse place à une halle. Au milieu du 19ème siècle, ce marché couvert portant nom d’Halle aux grains est trop petit et vétuste. La Ville veut construire à cet emplacement des halles modernes. Ce projet n’aboutit pas entièrement et seule la façade principale donnant sur la place est reconstruite. La Halle aux Grains est détruite en 1930 suite à l’inauguration des nouvelles halles de la place Lavault en 1926.
Les habitats autour de la place
La place St-Médard nous permet de retrouver un type d’habitat particulier, de croiser le Moyen Age avec les maisons à pans de bois. Ces demeures sont aujourd’hui un peu dispersées, mais globalement situées à proximité de l’église Saint-Médard. Leur datation est assez simple, ces maisons sont pour la plupart des témoins de la fin de la période médiévale, des XVe et XVIe siècles. Aucune construction civile d’avant le XIVe siècle n’a été conservée. La maison des artistes (classée Monument Historique), l’ancien restaurant du « Clos Saint-Médard » et la maison du « Père Jacques » montrent, à elles seules, la diversité des formes que peuvent avoir ses demeures. A Thouars, ces maisons étaient la propriété d’artisans et de commerçants. Le bois, matériau économique, est ici utilisé comme charpente et comme structure même de la maison. Implantée sur des terrains exigus, elles s’élèvent en encorbellement. Cette technique permet aux propriétaires, au fil des étages d’avancer leur façade et de gagner en espace intérieur, et ce pour échapper à la forte imposition des terrains. Chaque construction est organisée avec une fonction par étage. Le rez-de-chaussée est toujours divisé en deux parties, le commerce et un couloir d’accès aux étages. Le premier étage accueille l’habitation et le second étage sert de grenier. Au XIXe siècle, un grand nombre d’entre elles ont été recouvertes d’un enduit décoré d’un faux appareillage de pierres. Certaines façades décorées du XIXe siècle, en tuffeau, ont fait l’objet de ravalements depuis une cinquantaine d’années, supprimant tout décor par un simple enduit au ciment. Question de mode, économie… En voici quelques exemples : l’ancienne façade de la maison de la presse présente depuis une soixantaine d’années une verrière dans l’esprit art déco. A travers elle, on aperçoit pourtant l’ancienne charpente du XVIe siècle encore préservée. L’îlot Saugé, lors de sa transformation en trésor public au cours des années 1960 a perdu la plupart de ses décors de façades et ses angles en pierres. Des restaurations ont heureusement permis de remettre en valeur les plus belles : la poste, le clos Saint-Médard, la maison du père Jacques, le café de l’union, l’épicerie…
La Maison des Artistes
En travaux depuis un an, cet édifice que les thouarsais affectionnent a bien failli ne jamais nous parvenir. Sans l’action de passionnés, cette maison marquant le carrefour entre la place Saint-Médard et la rue du château aurait disparu car le début du XXe siècle fut décisif autour de la place.En effet, nombre de ces maisons des XVe et XVIe siècles aux façades à pans de bois ont été détruites et remplacées par des immeubles de ville entre 1850 et 1920. Pour les autres, soit leurs façades ont été remplacées par des façades plates respectant un nouvel alignement, soit les pans de bois ont été masqués par un enduit de chaux : c’est le sort qu’a connu la Maison de Artistes. Vide et à l’abandon, cette maison du XVe siècle est acquise en 1930 par le Syndicat d’Initiative. Elle est sauvée et fait l’objet d’un classement Monument Historique en juillet 1930. Le Président du Syndicat d’Initiative, Dr Paul Verrier, gère le chantier de restauration de la maison qui permet la mise en valeur des pans de bois de ses façades. Restaurée, elle est inaugurée en octobre 1931 et devient l’image de marque de l’association .En 1994, l’Office de Tourisme quitte ce local et vend l’immeuble à la Ville de Thouars. Devenue en 1997 siège de l’École du Thouet, association d’amateurs de peinture et de sculpture, cette maison a fait l’objet depuis 2010 de travaux de couverture et de reprise de ses planchers intérieurs et depuis 2018 de ses pans de bois et menuiseries. En mars 2018, une datation des bois a permis de préciser qu’ils proviennent d’une période allant de 1351 à 1492 ! Cet été, le service régional d’archéologie du Ministère de la Culture a transmis le cahier des charges nécessaire au lancement de l’appel d’offre afin de sélectionner une entreprise agréée pour réaliser l’étude archéologique du bâti. Celle-ci permettra à l’architecte de reprendre le chantier.
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