La chronique culture d’Anthony Bussonnais

Publié le 11/05/2022

Un mercredi sur deux, l'auteur Saumurois Anthony Bussonnais vous distille ses conseils culture en proposant une série, un film, un album, un livre, une bande dessinée, un podcast ou encore une chaine Youtube.

OZARK (Netflix)

Marty, conseiller financier de Chicago, blanchit discrètement de l’argent pour le compte d’un baron de la drogue. Lorsque son partenaire le trahit, il doit rapidement déménager avec sa famille aux monts Ozarks. Sur place, il se retrouve malgré lui opposé à un dealer local dont il concurrence dangereusement le business, ainsi qu’à un clan de petits voyous, dirigé par une jeune fille de 19 ans, qui cherche à lui soutirer de l’argent. En outre, il doit aussi éviter de se faire repérer par un agent du FBI tenace. S’il veut protéger sa famille, Marty doit rapidement blanchir l’argent sale, tout en s’adaptant à cette nouvelle vie.

La quatrième et ultime saison de la série multi-nominée et trois fois récompensée vient d’être mise à disposition sur la plateforme. Cette histoire d’une famille ordinaire, qui s’enfonce petit à petit dans le crime organisé, dans une région qui lui est étrangère et dont les locaux ne voient pas leur arrivée d’un bon œil, est une merveille. Cela tient notamment aux personnages, tous très étoffés et brillamment interprétés, certains étant particulièrement attachants (Ruth is THE Queen). Il y a ceux qu’on apprécie et ceux qu’on apprécie détester, mais rien n’est figé. Au fil du temps et des épisodes, même les plus purs perdent de leur innocence, et chacun tente tant bien que mal de trouver sa place, ou de se la faire, tous avides de revanche, de billets verts, et de pouvoir. OZARK est une de ces séries qui laissent une trace indélébile, une de celles qu’on citera certainement encore dans quelques années comme une référence.

DIMANCHE (Emma Peters)

À vingt-cinq ans, après avoir percé grâce à ses étonnantes reprises tout en douceur de hits comme Clandestina de Lartiste ou Femme Like U de K.Maro, Emma Peters a sorti en mars dernier son premier album, composé de quatorze titres. Celle qui confie s’être mise à l’écriture sur le tard, ne pensant pas être à la hauteur, « Je n’ai pas plus de choses à raconter que les autres. En tout cas, je ne crois pas que je le dis mieux que les autres », a pourtant quelque chose de bien à elle. Ce qui la démarque est son franc-parler, ses mots bruts, cash, sa manière de se livrer, de façon très directe, sans tricher ni broder. « Je m’en bats les couilles de ton avis, pas là pour faire ami-ami » (Terrien). Sa voix douce et entêtante, mise en avant sur ses chansons, nous entraîne dans son univers empreint de mélancolie et de nostalgie. Emma Peters parle de ses angoisses, de ses doutes, sas craintes, ses regrets… de ses maux, et beaucoup d’amours. Elle regrette que Le temps passe : « J’ai peur de tout oublier, d’oublier qu’on s’est aimés » ; elle livre sa vision de l’amour « J’voudrais être ta partenaire de vie, ta partenaire de conneries. J’veux passer ma main dans tes bouclettes et sortir faire la fête. J’veux tes bras pour dormir et qu’tu tiennes mes cheveux pour vomir » (LRAR) ; elle décrit des moments de vie, comme l’angoisse de perdre un être cher : « J’ai peur que dans ton sommeil, tu m’entendes pleurer, ouais. J’ai hâte que tu t’réveilles, qu’on puisse en rigoler. Mais tu dors, tu dors, tu dors perfusée de la tête aux pieds. Et j’ai tort, j’ai tort, j’ai tort de vouloir m’énerver » (Ma prière) ; elle met des mots sur le mal-être et le besoin de soigner les apparences : « Je raconte ma vie à mes potes en rigolant. La même vie qui me fait pleurer en m’endormant » (Je mens). Accompagnée à la guitare ou au piano, la voix douce et suave, les mélodies nous bercent et les refrains sont lancinant. Si ce bel album se conclut sur ces mots : « J’ai peur de l’échec comme OrelSan. Peur de décevoir mon public. Je vaux plus rien si l’inspi est en panne. Combien écouteront ma musique ? Au moins j’ai deux parents qui achèteront le disque. » (23 :02), il ne fait aucun doute qu’il trouvera son public.

LES POUPÉES (Alexis Laipsker – Michel Lafon)

» Ils diront que je suis fou. Que je tue pour jouer.
Vous seuls connaîtrez mon secret. Mais êtes-vous prêts ?
Jouez avec moi ! »
Une voyante en crise.
Un flic bourru comme on n’en fait plus.
Une jeune psy à qui on ne la fait pas.
Une série de meurtres à la mise en scène macabre.
Une course contre la montre terrifiante.

Premier roman que je lis de cet auteur, et je suis déjà totalement séduit par son imaginaire. La lecture est fluide, les chapitres s’enchaînent, les dialogues teintés d’humour régalent, les personnages sont humains et les descriptions chirurgicales. Une sombre enquête relie une série d’assassinats à un tueur complètement dérangé, qui fait de ses cadavres des poupées émasculées. Un flic, légende dans tous les services, mais dépassé, qui appelle en renfort une psy. Cette psy qui tente d’entrer dans le cerveau d’un tueur difficile à cerner, pour avoir un coup d’avance sur lui. Une voyante, prise d’assaut par des visions troublantes, et dont la sécurité est compromise. Une course contre la montre pour éviter d’autres victimes. Comme toujours avec ce genre de lecture, on cherche par nous-même à trouver le lien entre tous « les tableaux », souvent on échoue, et la plupart du temps on finit par se rendre compte qu’on était à côté de la plaque mais, cette fois, j’ai percé à jour le dénouement, ce qui était assez jouissif – ça flatte l’égo, en vrai – sans rien enlever au plaisir d’être le témoin de la découverte par les héros du livre. Je vais désormais suivre Alexis Laipsker de près.

Le conseil bonus : ENCORE VOUS ? Le faux talk-show, animé par Alex Ramirès, qui invite et s’amuse avec les clichés du cinéma et des séries. https://www.youtube.com/watch?v=TBg15J3dzg0&list=PLn2I00gPSd-qTTU9gtv54K-DFyDFh5CcS

A propos d’Anthony Bussonnais : Anthony a grandi et vit toujours dans le Saumurois. Depuis tout petit, il cultive une relation privilégiée avec l’écriture. En 2015, alors que depuis quelques temps déjà trotte dans sa tête l’idée, il entame l’écriture de son premier roman, Un mal pour un mal. En Septembre 2017, il publie un recueil de ses textes, jusque-là inexploités, intitulé Un peu de moi. Entre humeurs, pensées et réflexions, il traite de thèmes divers. Le 6 Octobre 2018, Anthony publie son second roman, Chasse 160618 un nouveau thriller au suspense haletant. Septembre 2019, Chasse 160618 remporte le prix Les talents de demain, décerné par Kobo by Fnac en partenariat avec les éditions Préludes et Babelio. Son livre est alors réédité (Préludes Noir) sous le titre Un samedi soir entre amis.

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