L’Abbaye royale de Fontevraud, qui célèbre cette année les 900 ans de la naissance d’Aliénor d’Aquitaine, pare son réfectoire d’une majestueuse table de fêtes réalisée par Camille Chastang en son honneur. Pour créer cette installation monumentale, l’artiste s’inspire du premier Noël d’Aliénor d’Aquitaine à la cour d’Angleterre. En 1154, quelques jours après le couronnement d’Henri II et Aliénor, la reine fait installer une table de fête décorée de vaisselle luxueuse dorée à l’or destinée à accueillir leur première cour de Noël à Londres dans le quartier de Bermondsey. Inspirée par ce récit, Camille Chastang imagine une table de Noël de 20 mètres de long, qui rend hommage à leur première année de mariage. Pichets vernissés, assiettes, jattes et cruchons, véritables réinterprétations contemporaines des faïences du XIIe siècle, ornent cette table de motifs floraux sublimant une nappe extraordinaire d’où s’échappent des sons et s’évaporent des odeurs qui enveloppent le visiteur dans la volupté d’une cour royale. À cette époque, les fêtes courtoises sont avant tout l’occasion d’affirmer une suprématie, de mettre en scène les hiérarchies sociales à travers la rareté des mets mais aussi par l’utilisation d’une vaisselle luxueuse. Mais Camille Chastang ne dévoile pas seulement les jeux de pouvoir qui régissent la cour, elle représente également cet univers d’opulence et de sociabilité en y dissimulant un jeu amoureux. En référence à une comptine de Noël anglaise The twelve days of Christmas, la table est parsemée de cadeaux qui incarnent l’amour du roi et de la reine alors enceinte de Richard Cœur de Lion. Pendant douze jours à Noël, deux personnes qui s’aiment s’offrent des cadeaux, le premier est une perdrix et un poirier.
A propos de Camille Chastang
Camille Chastang vit et travaille entre la Normandie et Paris. Après une formation en Design Textile, Camille Chastang quitte les Arts Appliqués pour entrer aux Beaux Arts. En 2020, elle est diplômée de la Villa Arson à Nice. Forte de ces deux formations, elle tente de réconcilier et revendiquer dans son travail un statut à parts égales entre arts décoratifs et beaux-arts. Elle participe à plusieurs expositions collectives (Paris, Nice, Marseille, Lyon) et personnelle (Galerie Double V – Marseille). Elle a été résidente à la Drawing Factory, résidence d’artistes à Paris, organisée par le Drawing Lab et le CNAP, à la Collection Yvon Lambert (Avignon) et avec les Ateliers Médicis (Paris). Elle travaille régulièrement avec les publics pour présenter son travail et proposer différents ateliers autour des problématiques qui l’animent. Dans le travail de Camille Chastang, le dessin est le point de départ de tout, qu’elle envisage comme une façon d’être, c’est-à-dire comme une façon de penser, de voir, de vivre. Camille Chastang mène une réflexion plastique, liée à une réflexion plus théorique autour du dessin comme médium, mais aussi sur la hiérarchie des médiums, des formes et des sujets au sein même des pratiques dessinées. À travers sa pratique, dessinée et écrite, elle aimerait déconstruire les rapports de pouvoir entre les pratiques artistiques et déconstruire les rapports de valeurs entre les sujets, notamment sous le prisme du féminisme.
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