Avec AFP
Cette augmentation annuelle de 15% est « proche du taux d’évolution annuel moyen constaté depuis 2019 », a observé dans un communiqué le Service statistique de la sécurité intérieure (SSMSI). « Dans un contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie« , le nombre de victimes faisant état de violences de la part de leur partenaire ou ex-partenaire, a « doublé depuis 2016« , observe ce service. Pour le ministère, ces chiffres ne rendent cependant « pas compte directement de l’évolution de la délinquance », car la propension à porter plainte « dépend tout à la fois de la nature de l’infraction, du contexte dans lequel elle a été commise » et de « l’évolution des comportements dans la société », notamment « des dispositifs de protection ou de sanction mis en place« . Ainsi, certains faits peuvent « n’être jamais signalés ou l’être plus tardivement », pointe le SSMSI, qui estime qu’un quart seulement des victimes portent plainte.
« Enquêtes de victimisation »
Cette estimation repose sur une comparaison entre les faits signalés et des « enquêtes de victimisation », menées auprès de larges panels représentatifs de la population. Ainsi, selon l’enquête européenne Genese 2021, 0,6% des 18-74 ans (0,9% des femmes et 0,2% des hommes) déclarent avoir été victimes en 2020 de violences physiques, sexuelles ou psychologiques de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Le taux de victimes qui portent plainte est plus important pour les violences physiques (34%) et le harcèlement moral (26%), mais plus faible (10%) pour les violences sexuelles au sein du couple. De manière globale, les victimes des violences rapportées sont des femmes à 86% et les mis en cause des hommes à 87%. Les deux tiers des violences signalées sont d’ordre physique, 30% d’ordre verbal ou psychologique (ce qui comprend le harcèlement moral, les menaces, les atteintes à la vie privée ou les injures et diffamations) et 5% sont des violences sexuelles. « Comme en 2021, la Seine-Saint-Denis, la Guyane, le Pas-de-Calais, le Nord et la Réunion sont les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1.000 habitantes âgées de 15 à 64 ans« , selon le ministère. Les trois quarts des victimes ont entre 20 et 45 ans, la tranche d’âge la plus concernée étant celle des 30-34 ans qui concentre 17 % des victimes. Les violences physiques criminelles (homicides, tortures ou actes de barbarie) « restent très rares » avec moins de 1% des cas rapportés, note le ministère. En 2022, 145 homicides conjugaux ont ainsi été recensés en France, dont 118 féminicides, quatre de moins qu’en 2021, selon un bilan publié début septembre. Ces « chiffres stables montrent que les efforts ne sont pas suffisants pour prévenir les violences et protéger les femmes victimes », avait alors commenté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.
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