Les Editions 303 qui éditent le magazine trimestriel éponyme en Pays de la Loire font part de leurs inquiétudes dans une tribune (retrouvez la tribune dans son intégralité sur ce lien) : « Les récentes annonces de la Région des Pays de la Loire dans le cadre de la préparation du budget 2025, sans échanges ni concertations préalables, font état d’une réduction brutale et inédite de ses financements dans le domaine de la culture (mais aussi ceux du sport, du bénévolat, de la vie associative et de l’égalité femme-homme) : le chiffre, incroyable, de 73 % de coupes budgétaires est ainsi évoqué ! » Les éditions estiment par ailleurs que « de nombreux acteurs vont être touchés parmi lesquels l’association 303, qui porte la revue régionale éponyme mais aussi une activité éditoriale menée en partenariat avec de nombreuses collectivités locales autour du patrimoine et de la création artistique. L’association verra sa subvention baisser de 50 % l’an prochain, avant sa suppression définitive en 2026. Elle ne pourra évidemment faire face à un tel choc ! Une équipe de cinq salariées pourrait être dissoute. Nous n’osons pas le croire. » Au-delà, c’est le rôle entier de la Culture qui est ici questionné : « 303 a été fondée en 1984 sous l’impulsion d’un président de région volontaire, Olivier Guichard, homme de culture assurément, qui dans le droit fil de son engagement gaulliste et de l’action d’André Malraux s’est attaché à faire rayonner le patrimoine et les arts au plus près des Ligériennes et Ligériens : préservation de l’abbaye de Fontevraud, création du Centre culturel de l’Ouest, soutien accordé au Théâtre régional des Pays de la Loire et à l’Orchestre national des Pays de la Loire… Toutes ces structures sont engagées dans la décentralisation culturelle, destinée à rendre accessibles au plus grand nombre, et sur tous les territoires, les œuvres du répertoire et le patrimoine artistique ; 303 fait pleinement partie de cette vision. […] N’oublions pas que l’accès à la culture est à la fois un service public, un droit constitutionnel et un pilier de notre pacte républicain. Qui peut affirmer que la société dans laquelle nous vivons peut s’affranchir de cela ? »
Le Festival d’Anjou menacé ?
De son côté, Jean-Robert Charrier, le directeur artistique du Festival d’Anjou qui programme chaque année des spectacles de qualité sur l’ensemble qui territoire dont le Saumur, a réagi dans une longue publication sur les réseaux sociaux quant aux potentielles baisses de subvention, mettant en péril l’événement même ainsi que d’autres. « Le Festival d’Anjou est une vénérable institution culturelle implantée sur le territoire de Maine-et-Loire depuis 74 ans. En 74 ans il a réussi à devenir un moment artistique incontournable notamment pour les familles angevines (angevines au sens de habitants de l’Anjou). En apprenant à connaître le festival j’ai découvert à quel point il était précieux pour plusieurs générations de spectateurs. En apprenant à le faire évoluer j’ai découvert à quel point il avait encore de merveilleuses perspectives devant lui. Le modèle de ce Festival est exemplaire. Un financement 1/3 subventions publiques, 1/3 billetterie et 1/3 Mécénat privé. C’est ce modèle qui nous permet d’offrir une programmation éclectique, dans des lieux sublimes… mais aussi un vrai travail de médiation culturelle, un accès à la culture pour tou.s.tes et une aide à l’émergence. Pour Florence Dabin et certains élus notamment de Doué, Saumur ou Cholet, la politique culturelle n’est pas seulement un pion bien placé dans un échiquier politique mais un vrai engagement pour la culture. Ces élus qui nous soutiennent depuis longtemps ont conscience que la culture n’est pas un domaine politique quelconque. Ces élus croient en la pluralité des richesses tant financières qu’intellectuelles de la culture. À l’inverse, certains élus retirent leurs billes sans aucun ménagement ni concertation car il est évident leur participation n’était qu’une guirlande pour faire joli, pas un engagement. Ainsi la municipalité d’Angers (Christophe Béchu) et la Région des Pays de la Loire (Madame Morançais) ont décidé, sans concertation ni discussion avec les principaux intéressés de couper sèchement 100% de leurs apports financiers au Festival d’Anjou. La ville d’Angers nous offrant cependant de mettre à disposition ses salles et son personnel, mais sans argent pour y mettre des spectacles, donc. Madame Morançais dans sa dernière longue interview utilise beaucoup le terme de guichet en parlant de son action culturelle. Tout est dit. Il suffirait de s’engager réellement pour ne pas se sentir guichetière. Si c’est ça « l’Horizon » qu’on nous propose, c’est effrayant. Un concours de virilité avec le RN. Nous nous battrons avec l’aide des spectateurs fidèles, des partenaires privés et des élus engagés pour que le Festival d’Anjou ne s’effondre pas. Les festivals comme la culture en général DOIVENT être subventionnés. Avec un financement 100% privé nous perdrons de toute évidence notre liberté et nos ambitions. L’année dernière nous avions réussi à être bénéficiaires avec 95% de remplissage. Pour fêter nos 75 ans en juin prochain, nous amputerons largement notre festival et nous le célébrerons comme nous le pourrons… Plus que jamais nous aurons besoin des spectateurs et des artistes pour continuer à faire travailler des centaines d’entreprises et de corps de métiers (intermittents, imprimeurs, restaurateurs, hôteliers, diffuseurs, producteurs, médiateurs…). Énormes pensées et soutien à tous les acteurs de la culture de la Région des Pays de la Loire. Certains sont encore bien plus en difficulté que nous et c’est bien triste. Le quai, le CNDC, le Chabada, Premiers plans, le 303 et TANT D’AUTRES qui risquent pour certains purement et simplement de disparaître. »
Copyright © IGNIS Communication Tous droits réservés