Le saviez-vous ? Pourquoi Saumur est-elle devenue la capitale du cheval ?

Si vous êtes Saumurois, vous connaissez forcément le Cadre noir, plus haute institution de cavalerie du pays dont la notoriété a très largement dépassé nos frontières nationales. Fleuron prestigieux d’un savoir-faire ancestral, l’école forme l’élite des cavaliers, mais… Pourquoi Saumur plutôt qu’une autre ?

Nous sommes d’ores et déjà revenus sur la genèse du Cadre noir et de son absolue nécessité au sortir des guerres napoléoniennes en 1815 (voir notre article sur le sujet), mais cela n’explique en rien les raisons fondamentales qui ont fait que Saumur deviendrait une cité résolument tournée vers le cheval ; car initialement, la perle de l’Anjou n’a pas de lien particulier avec cette activité. Il faut remonter une cinquantaine d’années avant la création du Cadre noir pour comprendre que les enjeux qui ont déterminé Saumur comme future capitale équestre n’ont rien à voir avec un attachement historique. En effet, la raison est tout autre et est pour le moins… surprenante.

Sous le règne de Louis XV, en 1763 pour être précis, il est décidé de réorganiser la cavalerie autour de cinq grandes écoles pour couvrir le territoire : Metz, Douai, Cambrai, Besançon et Angers. Et c’est ici que l’affaire devient intéressante puisque l’évêque siégeant à Angers n’était pas très enclin à voir s’installer de nombreux carabiniers dans sa ville car ces derniers avaient la réputation d’être particulièrement frivoles et donc d’être peu attachés aux bonnes mœurs en vigueur. Refusant de recevoir des débauchés qui pourraient atteindre à la pureté de ses ouailles, il a fait en sorte de les envoyer quelques kilomètres plus au sud, dans une ville qu’il n’aimait que peu, Saumur. Et la raison derrière ce choix n’est pas difficile à imaginer si l’on se remet dans le contexte des guerres de religion qui avaient lourdement agité le pays tout entier durant le siècle passé, entre catholiques et protestants. Saumur a été gouverné pendant un temps par Philippe Duplessis-Mornay, l’un des acteurs fondamentaux de l’édit de Nantes, un protestant ayant fait d’elle le cœur politique de ce courant réformateur. Et c’est en grande partie pour ce passé dissident que l’évêque d’Angers a souhaité “punir” la ville en y envoyant les carabiniers, sans penser un instant qu’il venait de poser la première pierre d’un édifice dont la réputation, de nos jours, n’est plus à faire.

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